TES TICS, TES MANIES 1 / Des rires illuminant les couloirs, des étoiles dans les yeux, des parties de cache-cache, une bonne dose de bonne humeur. Lexie se souvient comme si c'était hier de la maison des rires, sa maison. Tout était si beau, tout était si rose. L'aînée d'une fratrie de cinq enfants, cinq petits bambis joyeux, Lexie était si fière, si heureuse. Enfance joyeuse et colorée, l'arc en ciel du bonheur. Elle a toujurs voulu protéger ses frères et soeurs, elle a toujours voulu être là pour eux. Elle a pris son rôle d'aînée très à coeur, peut-être trop à coeur. 2 / . Quand les médecins ont diagnostiqué la maladie de Laïa, ce fut un véritable drame pour Lexie. Dure réalité, triste vie. Elle n'était donc pas cette super-héro qu'elle prétendait être envers ses frères et sa petite soeur. Elle n'avait pas le pouvoir absolu de les protéger de tout, de quoi que ce soit. Elle s'en est voulu terriblement. Elle s'en est voulu de ne pas avoir pu empêcher ça, de ne pas avoir pu protéger sa petite soeur, sa petite poupée, de cette chienne de vie. 3/ Lexie s'en est rendue malade, de cette situation. Elle n'avait plus envie de rire, de s'épanouir, de s'amuser. Sa petite Laïa n'était plus là. Il manquait quelque chose, quelqu'un, à la famile. Mais elle n'a pas voulu le montrer. Non, elle se devait d'être forte, d'être là pour ses petits frères. Elle a d'ailleurs répercuté ce manque sur Celian. Son petit Celian. Si doux, paraissant si fragile, délaissé par papa et maman. Mais elle, elle était là. Elle était là quand il avait peur du noir, elle était là quand il avait besoin d'affection. Comme pour ses autres frères, mais elle avoue qu'avec lui, elle en faisait plus. 4/ Dévouée pour tout le monde à la maison, elle  a eu besoin d'être Lexie, Lexie tout court, et non Lexie la grande soeur au lycée. Elle était cette petite peste, cette petite princesse hautaine, cette petite garce moqueuse que tout le monde craignait, que tout le monde voulait tenir par le bras dans la cours. Carapace solide pour cacher ce mal qui la rongeait. Oui, ce mal. Elle avait vécu toute sa vie pour ses frères et soeurs, et pourtant, cela ne semblait pas assez. Laïa n'était pas là, Laïa était toujours malade. Elle avait besoin d'être quelqu'un d'autre avec les autres, quelqu'un de populaire et adulée. 5/  Elle a arrêté d'être cette sassy bitch, ce bourreau des plus faibles, lorsqu'une jeune fille s'est suicidée après ses moqueries. Ce n'était pas sa fautes. Non, elle n'y était pour rien, Lexie était un pion de plus dans la spirale du mal-être de cette fille. Mais Lexie, elle n'est pas méchante. Malgré les airs qu'elle s'est donnés, Lexie a toujours eu le coeur sur la main. Elle s'en est voulu terriblement, elle a voulu changé de lycée, changé de vie. Ses parents n'ont pas compris, elle n'a jamais voulu rien dire. Cacher ses faiblesses derrières un beau sourire, elle sait le faire à la perfection. 6/ Elle a toujours été sérieuse dans ses études, sérieuse dans son travail. Pour elle, la réussite professionnelle a toujours été très importante. Papa l'imaginais déjà reprendre le flambeau de sa pâtisserie, elle en a décidé autrement. Elle, elle a toujours voulu travailler dans une grande entreprise. Avoir une belle carrière, avoir un rôle importante. 7/ Lexie, elle aime le sport. Elle aime le sport, mais pas n'importe lequel. Elle n'aime ni le running, ni le basket, et encore moins le football. Non, trop classique, trop banal. Lexie est passionnée de sport automobile, et en particuliers de rallye. Elle adore le vélo de descente, elle l'a pratiqué des années. Elle était plutôt douée, jusqu'à ce qu'elle doive abandonné pour des problèmes de poids.  8/ Lexie, c'était cette fille fêtarde comme pas deux, toujours partante pour aller tester le dernier bar du coin, toujours d'accord pour se rendre dans les soirées les plus branchées. Avec son groupe d'amies, elles étaient les reines de la nuit.  Elles étaient inséparables, elles se disaient tout. Et puis, tout à changé.  9/ Tout s'est passé vite. Tout s'est passé comme dans les films. Elle a foncé dans ce type en vélo, il ne l'a plus quittée. Il l'a courtisée des semaines, et puis elle s'est laissée faire. Après tout, il était tellement craquant. Le courant est bien passé. Trop bien passé. Ils sont vite tombés amoureux, il a vite emménagé chez elle. Elle vivait un conte de fée. Le genre d'histoire dont elle avait rêvée. Il était si attentionné, si gentil, si romantique. Prêt à tout pour elle. Prêt à trop de choses, même. 10/ Lorsqu'il l'a demandée en mariage, le rêve était à son comble, elle a accepté sans hésiter. 11/Et puis, le voile est tombé. Trop vite, elle a vu qu'il buvait trop. Trop vite, elle a vu qu'il l'aimait trop. Elle a vu la colère monter en lui, une violence malsaine. Pour une assiette mal lavée, pour un verre cassé, pour une heure trop tardive, une gifle bien méritée, selon lui. Et puis, les coups se sont enchaînés. Les coups se sont multipliés, jusqu'à ce que les bleus deviennent trop voyant, et jusqu'à ce qu'elle doivent les masquer au fond de teint. Mais elle, elle savait qu'il l'aimait. Il le montrait trop bien. Pas foncièrement méchante, juste trop jaloux et trop peureux de la perdre.  12/ Et puis, il a commencé à s'accaparer d'elle.  À faire le vide autour d'elle. Elle ne pouvait plus sortir avec ses amies sans lui, sans qu'il ne fasse une crise, sans qu'il ne laisse une trace au coin de ses yeux. Elle, lelle l'écoutait. Elle l'écoute. Puisqu'il l'aime, et elle aussi. Elle a peur, aussi. Peur pour sa vie, peur qu'il fasse une connerie. C'est trop tard, tout est engrené. Elle est impuissante, incapable de changer les choses. Elle qui était si forte, si douée, si résistante, elle doit maintenant tout cacher. Cacher la triste réalité, cacher ses bleus. Elle ne sait plus sortir la tête de l'eau. A force d'annuler les soirées, ses amies se sont détournées. 13/ Alors, elle a choisit l'alcool comme échappatoire. L'alcool comme libération. Dans son assiette, trois pâtes, un brin de sauce tomate. Personne ne voit qu'elle n'avale plus rien. Elle se sent terriblement coupable. Alors que Laïa, sa petite soeur, voulait vivre en bonne santé, elle est en train de pourrir la sienne, de santé. Tombant dans l'anorexie, et dans l'alcoolisme, un peu plus, chaque jour. L'envers du décors est moche à voir, mais elle sait toujours bien tout cacher derrière son sourire radieux.    14/ Laïa est sortir de l'hôpital. Délivrance absolue pour sa petite soeur, la fin d'un calvaire. Elle veut tellement rattraper le temps perdu, être la pour elle, se donner pour elle.  15/On l'a convaincue de se rendre aux alcooliques anonymes. Et elle a rencontré ce type. Ce type bien charmant, ce type trop charmant. Elle s'interdit de trop lui parler, parce qu'au fond, elle sait. Elle sait qu'il est la clé pour la délivrer de son cercle vicieux, elle sait qu'il saura la toucher en plein coeur.