tes tics, tes manies.

[1]Fils d'une brillante Italienne fille d'immigrés et d'un avocat, t'as jamais manqué de rien. D'ailleurs, t'as presque cru que le coup de foudre entre les deux serait éternel. Une douce naïveté brisée en éclat. Un coup de tonnerre dans l'air, et deux aventures extra-conjugales au compteur. T'as beau essayer de comprendre, chercher la faille au sein de ces années de vie conjugale , t'en trouves aucune. L'erreur vient des deux. [2] T'es la tâche noire de la famiglia Di Vincenzo. Le briseur de règles, le petit con qui parsèment d'indénombrables conneries sur son chemin. ça a toujours été ainsi. Même gamin, tu ne pouvais jamais t'empêcher de provoquer de petits tsunamis. Tu aiguises habilement la tempête. Et quand d'autres fuirait face aux représailles. Toi, t'es là. Prêt à récolter les graines. Tu sais jouer avec les mots, si bien, que les choses ne s'enveniment jamais pour toi. [3] Involontairement, t'as suivi les pas de ton aîné, Milo, un modèle à la dérive. T'as jamais souhaité reproduire ses erreurs ou bien même surpasser les siennes. Et pourtant, t'es toi aussi parti à la dérive. Il a suffi d'un an. De soirées trop arrosées, de verres enchaînés pour que tu sombres un peu plus intensément dans l'obscurité. T'es devenu au fil du temps l'ombre de toi-même, un vulgaire pantin désarticulé qui s'auto-détruit à la moindre opportunité. [4] T'as besoin d'adrénaline, de cette dose bienfaitrice qui s'immisce en ton corps. Une subite sensation qui s'infiltre violemment en toi. Alors, tu provoques ce sentiment. T'es comme ça. Des sauts à l'élastique, des courses poursuites, des bagarres qui dégénères et des balades nocturnes. [5] T'es un fauve en liberté, un électron libre qui est dans l'incapacité même de se "calmer". T'as le sang-chaud, comme la plupart des italiens - et même si t'en as parfaitement conscience t'es incontrôlable. Trop impulsif, trop expressif, tu réagis au quart de tours et ça, sans jamais te soucier des conséquences de tes actes.  [6]D'ailleurs, ta franchise n'est guère appréciée. T'as pris l'habitude de dire les choses sans le moindre filtre. Tu balances des trucs sans te soucier de leurs répercussions. Probablement trop sincère, pas assez soucieux de ce que les gens souhaitent entendre. [7] Puis, t'envoies valser les règles. De vulgaires petites futilités destinées à réduire la liberté. Toi t'avances au grès de tes envies et t’agis sans penser au lendemain. [8] Comme un bon nombre de ta génération t'es un addict de cette substance cancérigène qu'on nomme "nicotine". Des tubes cancérigènes qui calment tes ardeurs. T'en as besoin, t'as besoin de cela autant que t'as besoin de ta dose de caféïne. [9] T'as beau n'avoir jamais été l'enfant idéal, l'élève studieux et discipliné que souhaitaient tes géniteurs. T'es excellent dans ton domaine. Le droit, bien plus qu'une affaire de famille et devenu un passe-temps qui te fait jubiler. T'aimes ça. T'aimes détourner les règles et les lois autant que tu aimes les faire appliquer. Une jolie contradiction.  [10] Étudiant en droit, c'était avant-tout une vulgaire petite ruse pour continuer d’exercer ta passion. Donner des coups, s'en prendre parfois, laisser son corps léviter un instant et puis s'acharner avec violence. T'es un donneur de coups, un briseur de corps , celui qui égare des hématomes sur un ring. Boxer professionnel, tu ne peux t'empêcher de combattre. Trop souvent pour que les bleus ne disparaissent de ton corps.  D'ailleurs, c'est Milo, ton frère,  l'infirmier qui soigne la plupart de tes plaies. Et même si certains coups peuvent être fatals, toi, tu fais mine que tout vas bien. [11]  L'attachement est une vulgaire futilité. Toi, t'as jamais souhaité te donner corps et âme pour quelqu'un. Toi, t'es presque certains que l'amour fait plus de mal qu'il ne fait de bien. Alors, t'as pris l'habitude de ne rien laisser transparaître. D'ailleurs, rares sont les personnes qui partagent ton quotidien. Ta famille, des âmes en peines, et quelques naïfs persuadés qu'un jour ou l'autre tu redeviendras Ezio. [12] La seule demoiselle pour qui tu remuerais ciel et terre, c'est ta soeur. La perle des Vincenzo. Et même si la jolie-brune a le don pour t'agacer , au fond, t'es toujours là pour elle. Vous l'êtes tous d'ailleurs. [13] Les racines italiennes sont bien plus ancrées en toi qu'elles n'y paraissent. Il n'y a pas que le patronyme et ton prénom qui gardent en eux un soupçon d'Italie. Ton accent et les nombreuses injures italiennes qui s'échappent bien souvent entre tes lèvres témoignent de tes origines. Elles surviennent involontairement lorsque la situation t'échappe entre les doigts. Comme la plupart des Vincenzo tu maîtrise parfaitement l'italien. D'ailleurs, gamin, t'avais pris l'habitude d'insulter dans ta langue maternelle. Une mauvaise habitude qui persiste encore. [14] un vrai ouragan. Peut importe l'endroit où tu vas, tu finis toujours par foutre le bordel. Même ta chambre demeure un terrain miné. Un vulgaire entassement de choses qui tiennent grâce au bon vouloir du saint-esprit. D'ailleurs, à la coloc, ton manque d'organisation et de capacité de rangement ne cesse inlassablement d'animer les conversations. A croire que quoi que tu fasses t'es un véritable ouragan. [15] T'es un amateur de littérature. T'as beau faire semblant d'être un je m'en foutiste tu aimes lire. T'aimes découvrir les choses, découvrir des auteurs, et te laisser embarquer dans une folle lecture.