Les cheveux au vent, je pédale laissant le soleil caresser mon visage. J’arpente les rues, en zigzaguant. Parfois même je roule sans les mains, les bras levés vers le ciel. J’adore me déplacer à bicyclette, je me sens étrangement bien, libre pour quelques minutes. Je me ballade dans les rues d’Oro Valley, avec mon étui à violon sur le dos. J’ai envie de jouer de la musique, qu’elle m’enivre de ses sons, qu’elle me fasse rêver comme elle le fait si bien. Je ne veux pas jouer seule. La compagnie d’Avalon est parfaite pour mes envies du jour et j’espérais sincèrement qu’elle serait chez elle. Plus tôt, j’avais laissé un mot sur la table de la cuisine afin d’éviter que mes parents ne s’inquiètent pour rien. Il serait temps que je prenne mon indépendance, c’est vrai.
Les rues sont vivantes et magnifiques. L’été touche à sa fin, l’automne va bientôt sonner à nos portes et je ne peux que m’en réjouir. A mes yeux, c’est la plus poétique des saisons. Elle s’allie à la romance fanée et vivante à la fois. Je m’y retrouve un peu. Et puis, qui n’aime pas se rouler dans les feuilles mortes, capturer des couleurs uniques grâce à un appareil photo lors de cette saison si particulière ? J’attends l’automne avec impatience. Peut-être que je proposerais à Avalon d’aller jouer dans le parc lorsque les arbres se teindront de couleurs dorées et orangées ? On ferait un duo magnifique dans ce décor, j’en suis persuadée.
J’arrive dans une rue bordées de villas toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Les personnes vivant dans cette allée sont surement des gens très riches. Je ne comprends pas pourquoi mon père n’a pas fait l’acquisition d’une de ces magnifiques villas. Il a trop d’argent le père. Il traine dans des affaires pas nettes mais je ne préfère pas m’en mêler. L’ignorance est souvent la clé dans la famille : moins tu en sais, mieux tu te portes. J’arrive enfin devant la maison de la douce Avalon. Je dépose ma bicyclette contre le mur et sonne à la porte. J’attends que la belle vienne ouvrir, impatiente de jouer de la musique avec mon adorable binôme. Elle m’accueille le sourire aux lèvres comme à chaque fois :

« Bonjour Ava ! Merci ! » Dis-je en me glissant dans l’entrée. Si vous voyez cette villa… Elle est magnifique. Épurée, décorée avec un gout assez subtil pour le sobre et le design. Les murs sont parfaitement propres et tout est merveilleusement à sa place. Je me positionne face à Avalon pour qu’elle puisse lire correctement sur mes lèvres si elle ne me comprend pas bien. Un jour, j’aimerais qu’elle m’apprenne un peu le langage des signes, ça peut être très enrichissant. « Je suis venue te voir, pour jouer un peu avec toi » souriais-je, enjouée, en montrant mon étui qui couvre mon violon. « J’espère que je ne te dérange pas ! Sinon, je passerais un autre jour ! » Je souris. Qu’elle est douce Avalon. Une petite poupée calme et délicate. Une fleur fragile qu’on a envie de protéger au creux de sa main.