le bonheur est parfois caché dans l’inconnu. Victor Hugo
Aujourd’hui est un grand jour pour toi, Ana. C’est la première fois que tu ouvres les yeux dans ce pays. Mettre les pieds aux États-Unis étant ton rêve d’adolescente. Tous les adolescents rêvent de poser leurs valises ici. Tu l’as fait. Tu pourras être fière toute ta vie de ne pas attendre tes rêves, Ana. Tu les réalises, et tu aimes ça. Tu apprécies de ne pas savoir dans quel pays tu te réveilleras demain matin. Tu as besoin d’une vie riche, et pour l’instant, tu l’as.
Arrête de rêvasser Ana, tu dois te lever. Ce serait dommage que tu arrives en retard pour ton premier jour de cours ici, à Oro Valley. Tu as hâte de découvrir les étudiants qui étudient la littérature eux aussi. Ton enthousiasme pourra peut-être leur faire d’ailleurs, fais attention. Tu es à peine sortie de ton lit que tu es en forme pour courir un marathon. Tu as eu les dix heures de sommeil qu’il te faut pour être en pleine forme. Un bon jus de fruit, une douche tiède (parce que tu n’aimes pas les douches chaudes) et te voilà devant la galère quotidienne, celle de choisir les vêtements. Aujourd’hui, tu t’en fiches. Il fait beau, un short et un top feront parfaitement l’affaire. Tu n’es pas frileuse, donc tu t’en fiches de savoir s’il fait froid dès le matin.
Tes pieds ne toucheraient pas le sol que ce ne serait pas surprenant. Tu scrutes chaque détail au fur et à mesure de tes pas. Tu n’as pas encore étudié les lignes de bus. Tu étais trop contente de changer de pays pour passer cinq minutes sur un ordinateur. Alors tu marches, comme tu aimes tant le faire au quotidien. Tu as des cuisses en béton à force de marcher des kilomètres et des kilomètres. Tu regardes ta montre. Tu es en retard, Ana. Ce n’est pas surprenant, tu es toujours ou du moins très souvent en retard. Tu accélères le pas jusqu’à te mettre à courir avant de passer les portes de la fac. Tu entres discrètement en cours. Heureusement pour toi que tu sais être discrète, sinon tu serais foutue. Une fois posée, tu souris et tournes la tête vers ton voisin de classe. « Qu’est-ce que j’ai manqué ? »