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Je me présente: CHOCOLAT. Merci à tous, bonsoir.    

J'emmerde tout le monde, je suis une putain d'artiste dans l'âme et tout ce que je veux c'est jouer de la musique. Alors, vous vous demandez sûrement quel est le chemin parcouru pour que je pense aujourd'hui comme ça à 24 ans. Petits curieux. Bien-sûr, je viens de faire gros résumé de ma façon de penser, au fond c'est bien plus compliqué, surtout depuis que j'ai croisé un certain Clyde sur ma route.

Mais d'abord laissez moi vous présentez ma chair et mon sang, Eliot, qui est le plus con de tous les frères, mais surtout le meilleur. Tous les deux on a grandi dans une famille de musiciens, mon père était batteur dans un groupe et ma mère sortait avec un des musiciens de ce groupe là, le guitariste je crois. Puis finalement elle est tombée amoureuse de mon père, une histoire assez délirante dont je suis complètement fan. Il m'a donc transmis cet amour pour la musique, j'ai choisi de faire de la basse, ne me demandez pas pourquoi. Peut-être que c'est parce que c'est l’instrument qui m'en a fait le plus bavé et c'est ça qui m'a plus. Moi il me faut du challenge, sinon je m'emmerde très vite. Eliot s'est mis à la musique un peu plus tard que moi et, suivant lest traces de son paternel, il a choisi la batterie (d'ailleurs, aujourd'hui je peux aisément affirmer que l'élève a dépassé le maître, même surpassé, Eliot sait faire sonner une caisse claire et un charleston comme personne). Mon frère est la personne qui me connaît le mieux au monde, il est d'ailleurs l'un des seul à savoir que je m'appelle Ebony en vrai. Je ne dis jamais mon vrai prénom, justement parce que dès ma naissance, mon frère qui a trois ans de plus que moi m'a tout de suite appelé Bonnie. J'ai même pas souvenir de l'avoir entendu prononcé mon vrai prénom. Puis c'est resté, j'ai décidé que les gens m'appelleraient comme ça. Je sais ce que vous vous dites, et non je fais pas ça pour cacher une certaine identité, comme si je portais un masque ou je sais pas quoi. Non, Bonnie c'est moi. Bonnie c'est une putain de punk dans l'âme, une grande gueule qui s'impose et qui a peur de rien.

Déjà dès mon plus jeune âge, j'étais très casse cou. En cours je ne me concentrais jamais, tout m'ennuyais, j'arrivais pas à trouver ma place. Mes notes étaient tellement basses que mes parents m'ont emmené chez le psy. Expérience pas très brillante, néanmoins il m'a détecté un espèce de trouble du comportement et de l'humeur, ce qui d'après lui pouvait expliquer mon gros manque de concentration. On sait pas vraiment d'où ça sort mais c'est bel et bien là. Est ce que c'est grave ? Non, ça me rend juste plus insupportable que je ne l'étais déjà. Je tiens pas en place et surtout, je pars au quart de tour. Sauf que je fais pas semblant. Je compte même plus les fois où je me suis battue parce que ni moi ni personne n'arrivait à me contrôler. Ils ont essayé de me bourrer de médocs, je les ai renvoyé à la tronche. Même pas en rêve, tant pis c'est là et ça fait parti de moi. Les gens qui me connaissent vraiment savent qu'il n'y a rien à faire et que je finis généralement par jouer de la musique pour me calmer. Il y avait aussi autre chose qui pouvait réussir à me calmer en très peu de temps. Ou plutôt quelqu'un.

J'ai toujours été fan du film et de l'histoire de Bonnie & Clyde. Toute mon enfance, on me faisait des vannes avec mon prénom en rapport au film. Ça me faisait rire au début. Maintenant plus du tout. Plus depuis qu'il m'a fait perdre la tête. Je me souviens quand mon frère nous a présenté. Clyde, voici Bonnie. Bonnie, Clyde. Il me semble que j'ai explosé de rire à ce moment là. Je suis sûre que ce n'est pas du hasard, je ne crois pas au hasard de toute façon. A partir de ce jour là, je n'avais plus qu'une idée, c'était l'avoir pour moi. Mais je voyais qu'il me considérait plus comme une petite soeur de coeur au début. En même temps, j'avais trois ans de moins que lui, et surtout j'étais la soeur de son meilleur pote. Mais j'avais décidé de m'en foutre de tout ça, tout ce que je voulais c'était Clyde. Lorsque j'ai intégré le groupe, on a commencé à se rapprocher. Il aimait bien me faire chier, juste pour me voir m'énerver, alors je me suis plus énervée et ça l'a énervé. C'est de là que ça a commencé, notre but était de pousser l'autre à bout, il fallait que l'autre craque en premier. Il est devenu ma première histoire d'amour. Enfin, la seule en fait. C'est le seul qui a réussi à vraiment faire battre mon cœur, même si j'ai jamais pu me l'avouer. Ça me faisait trop peur, il avait ce pouvoir sur moi, comme s'il s'emparait de moi et mes sentiments. Comme si je perdais le contrôle. Et ça me rendais dingue. Cachés des yeux de tous, on se consumait. Quand j'avais l'impression de trop perdre le contrôle à cause de mes sentiments, j'allais voir ailleurs, même sous ses yeux. Comme pour essayer de cacher ce que je ressentais pour lui. Alors il faisait pareil, et putain qu'est ce que ça m'a fait piquer des crises. C'est resté comme ça pendant une presque deux ans mais tout le monde sait qu'à force de jouer à un jeu dangereux, il finit toujours par y avoir un perdant. Malheureusement on a perdu tous les deux.

Il m'a dit qu'il m'aimait. Je le revois encore entrain de me regarder, entrouvrir ses douces lèvres et prononcer les mots interdits. Je voulais lui dire en retour, tout mon corps brûlait en moi comme si toute cette passion qu'on a entretenue pendant deux ans venait d'exploser. Mon cœur battait si fort et me poussait à lui dire. Mais je n'y suis pas arrivé. J'ai paniqué, j'ai perdu la tête, et j'ai enchaîné les conneries. C'était plus moi qui agissait, c'était une ado paumée et tourmentée par son amour de la musique, le garçon qu'elle aime le rêve de gloire. Je me suis laissé manipuler par un producteur qui disait pouvoir faire marcher le groupe sans Clyde. Quelle idée. Je sais même pas comment j'ai pu y croire une seule seconde, sûrement que sur le moment j'ai pensé qu'à ma gueule, je voulais plus le voir alors j'ai fais en sorte qu'il parte. Je me rendais pas compte des conséquences que ça pouvait avoir. Je crois que j'en ai pris conscience ce matin là où j'ai vu le petit signe + sur le test. Ma tête a commencé à vriller, c'était le destin qui se vengeait. Bien-sûr que j'aurais dû aller le voir, lui dire que je regrettais tout ce que j'avais fais, que je l'aimais, que je voulais qu'on joue de la musique ensemble, et surtout lui dire que j'étais enceinte. Rien du tout. J'ai avorté, pleuré toutes les larmes de mon corps et a enfoui ça tout au fond de moi.

Autant vous dire que c'est un sujet sensible maintenant. Mais j'ai réussi à avancer dans la vie, je bosse en tant que serveuse et barmaid dans un bar à concerts. Je vais pas dire que je suis épanouie dans ce métier mais ça m'a permis d'à peu près me stabiliser. Bien-sûr, je donne toujours toutes mes tripes à la compo. J'ai reformé le groupe, et tente de trouver un guitariste sauf que je ne peux pas m'empêcher de penser à celui qui a dans mon cœur. En même temps, c'était le meilleur.