avant il y avait le bus de la tournée, les soirées festives, les foules en délire. une scène rien que pour toi, ton micro et ta voix. des airs mélodieux écrit par richie, joué par len, chanté la blonde pleine de rêve de gloire que tu étais. avant t'avais tout. maintenant, tu observes ces gens invités dans l'entreprise o'hara du haut de ta petite scène. la grande starlette devenue petite inconnue, tu te sens ridicule devant ce parterre de gens classieux qui t'écoute à peine. ici, t'es pas le centre de l'attention non, t'es juste un fond sonore. une voix pour rendre la soirée divertissante, pour avoir quelque chose a entendre si personne ne vous parle. t'entame la deuxième, ou peut-être troisième chanson, t'y met un bout de ton âme, comme souvent, sans y avoir le coeur vraiment. t'as plus cette impression d'étinceler comme autrefois, tu te sens invisible nico, employé dans la masse. t'es devenue femme de l'ombre après avoir côtoie la lumière et cet anonymat pèse sur tes épaules chaque jour un peu plus. un peu plus a chaque note.

et pour la première fois, t'es heureuse de quitter la scène quand ton temps de passage s'achève enfin. t'essaye de t'enfuir avec délicatesse et sérénité mais tu sens bouillonner en toi l'urgence de te soustraire à cette foule inattentive, à cette scène qui ne te fais rien ressentir. t'avais accepté ce contrat uniquement par nécessité, il faut bien vivre et gagner son argent mais comme chaque fois tu te sens opprimée. la main passé sur ton visage dans un soupir lassé. Le seul avantage de cette soirée repose finalement sur ton droit à profiter du buffet, l'idée d'un verre d'alcool ne t'as jamais paru aussi alléchante maintenant que la soirée s'achève pour toi. tu te faufiles entre les gens - tous inconnus - qui viennent d'un monde si éloigné du tien. t'as tenté d'être à la hauteur de la soirée, engoncé dans une robe qui finalement paraît un peu trop tapageuse pour l'endroit. y a que cette confiance en toi, cette façon de marcher comme si t'étais la reine du monde qui permet au moins de ne pas trop remarquer la tâche que tu es dans ce tableau mondain. tu souris vaguement à ceux qui te regardes, davantage concentré sur la longue table qui s’étend quelques mètres devant. tu attrapes une coupe au passage que les serveurs font passer dans l'assistance.

tu sais pas pourquoi ton regard est soudain attiré par une silhouette à côté du buffet que tu visais. sourcils froncés, t'observes la carrure que t'avais jamais vraiment vu, rien qu'un visage dont t'avais observé la photo qui se reflète désormais là, sous tes yeux. t'oscille entre malaise et étonnement, l'envie d'aller te terrer rapidement dans un trou avant qu'il ne te vois et celui d'aller lui parler pour t'assurer que c'est bien lui. est-ce qu'il t'as vu chanter ? est-ce qu'il t'a reconnu, lui aussi ? nerveusement, t'engloutis le reste de ta coupe de champagne, le pas assuré qui s'avance vers lui mais le tourbillon dans ton corps. fixant toujours son visage comme si t'espérais soudain la preuve que tu te trompes, pouvoir faire demi-tour sans regret. « Daniel ? » la voix enroué par la gêne, t'attrapes une autre coupe de champagne sans cesser de le regarder. peut-être que lui, il ne te reconnaîtras pas, que t'auras juste a faire demi-tour un peu vexée qu'il ne t'ai pas reconnu mais t'épargnant au moins l'étrange sentiment qui te prend et la surprise de le voir ici.