Sujet: Escape ft. Otis & Antonio Mar 12 Sep - 10:58
Escape
Antonio & Otis
Son éternel bonnet gris sur la tête, Antonio marchait le long de l’eau, la tête dans les nuages. Il était là depuis plusieurs mois déjà, et le temps semblait passer si lentement. Une routine insupportable s’était installée et elle lui donnait des envies d’évasion encore plus fortes que d’habitude. Il se levait aux aurores, quittait son studio miteux avec sa salle de bain pleine de moisi, retrouvait la graisse des hamburgers et s’endormait en cuisine parce qu’il était bien trop tôt pour que les gens viennent goûter ces horreurs. Mais bon, le In-n-out était ouvert presque toutes les heures de la journée et il fallait bien quelqu’un pour s’ennuyer jusqu’à midi. Et cette personne, la victime de service, le petit nouveau, c’était Tony.
Le jeune garçon fourra ses mains dans ses poches, plus par habitude que par nécessité, et autorisa son imagination à l’emmener loin de là. En Italie, en France, en Norvège. Il ne connaissait rien de ces pays, mais il aimait deviner à quoi ils ressemblaient. Il savait que ce n’était pas le monde de Charlie et la Chocolaterie et que les gens-là bas avaient leurs emmerdes aussi, mais tout de même… Ca ne pouvait qu’être mieux que les Etats-Unis. Ce n’était pas bien compliqué, en même temps. Alors qu’il s’apprêtait à rentrer chez lui, son regard se posa sur une péniche visiblement déserte, le seul bateau qu’il avait pu voir dans le coin jusqu’à présent. Il haussa un sourcil et s’en approcha lentement, curieux mais quelque peu méfiant. Qui dit bateau dit voyage, et Tony n’avait pas besoin de plus que ça pour être intrigué. Un léger sourire vint lui étirer les lèvres en voyant la beauté du navire, et le jeune homme soupira en réalisant que c’était exactement ce qu’il lui fallait. Mais cette chose devait coûter une fortune, et avec son maigre salaire de vendeur d’hamburgers, il était loin de pouvoir se le permettre. Une fois arrivé à hauteur du bateau, il posa sa main sur celui-ci, comme pour s’assurer qu’il était bien réel, puis jeta un coup d’œil furtif autour de lui. Il n’y avait personne.
Tout en restant sur ses gardes parce qu’il savait qu’il n’avait pas le droit, il posa un pied sur la péniche, puis l’autre, sans cesser d’observer les environs. Son inquiétude ne faisait que lui donner un air plus coupable encore, mais il s’en fichait bien. Si on le surprenait, il mentirait en disant que c’était son bateau. S’il tombait nez à nez avec le propriétaire de celui-ci, il n’avait qu’à prendre l’air le plus innocent possible pour tenter de se faire pardonner. Il osa quelques pas sur le bois du bateau, fasciné par toute cette beauté, le regard émerveillé. Un enfant dans un magasin de jouets, voilà ce à quoi il ressemblait. Il glissa ses mains le long de la barrière qui devait l’empêcher de tomber à l’eau et avança, un pas après l’autre, oubliant peu à peu qu’il n’était pas chez lui. Si bien que lorsqu’il sentit une présence humaine non loin de lui, il sursauta et se retourna vivement, pris au piège. « Je… euh… », commença-t-il, sans trouver quoi dire. Il n’avait aucune excuse. Il sentit ses mains devenir moites et il déglutit difficilement, son regard basculant vivement de droite à gauche pour chercher un moyen de s’enfuir. Il n’était pas du genre à faire des conneries, des trucs illégaux, et envahir la propriété de quelqu’un d’autre était bien illégal… non ? « Je m’en vais tout de suite », réussit-il finalement à dire, avant de se dépêcher de rejoindre le bord du bateau pour quitter celui-ci, gêné. « Désolé ! », lança-t-il encore avant de se mettre à courir, son cœur battant la chamade. Plus jamais il ne tenterait ça, plus jamais.
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Dernière édition par Antonio Santini le Jeu 21 Sep - 11:09, édité 1 fois
Otis Abberline
Admin □ Suddenly, staring at nothing, I see it. All is gradual.
Sujet: Re: Escape ft. Otis & Antonio Mer 13 Sep - 23:50
ESCAPE
“ft l'intrigant Antonio
Il a le regard dans le vague, il bave sur l’oreiller. Sa bouche est sèche, son crâne est vide et douloureux. Il dégluti difficilement et se retourne sur le dos. Le plafond n’a rien d’intéressant. Il respire fort, son haleine est fétide résultat d’une longue nuit à boire de la bière. La bière, sa bonne vieille copine lui fait la tête ce matin. Il a même pas su dormir avant midi, le vieux, elle lui en veut trop. Son corps craque, c’est un vieil arbre dont les branches sont plus que branlantes un lendemain de cuite. Il n’a plus vingt ans, il assume plus sa gueule de bois comme autrefois. Péniblement, il se lève reniflant comme un vieux charognard. Il tousse, il crache ses poumons : il a encore trop fumé. Il racle sa gorge, ça tire. Ça ne l’empêche pas de glisser une clope entre ses lèvres. Il ne l’allume pas de suite, son premier défi est d’arriver à se lever. Alors il pousse sur ses coudes et met à mal ses abdos. Il est encore bien foutu pour son âge. Enfin assis, il enlève ses bottes noires qu’il n’avait pas pris la peine d’enlever pour dormir. Il est mou comme en flan. Son corps ballote lorsqu’il se penche. Pour se requinquer : une seule solution. Le brun se dessape et cul nu, sors dehors. Le vent est chaud ce matin, la journée allait sans doute être ensoleillée. De la brume circule toujours un peu sur l’eau alors que les cimes des arbres dansent au gré du vent. Otis, va à l’avant de la péniche, se met sur la balustrade et saute les pieds joints dans l’eau profonde de la rivière toujours sa clope au bec. Le froid réveille ses muscles instantanément. La clope s’humidifie et s’effrite. Résurrection pour le vieux rockeur.
Sur le pont il laisse le vent sécher son corps nu et allume sa clope les yeux rivés sur l’horizon. Il est requinqué le vieux, enfin prêt à passer une bonne journée en pleine forme. Les brasses lui ont fait du bien. Otis redescend les marches pour rentrer dans sa péniche, il enfile une chemise mal repassée en coton blanc et un jeans. Alors qu’il s’apprête à se faire à manger, il entend du bruit sur le pont. Otis ne s’inquiète pas, des ratons laveurs ou autres animaux sont déjà venus lui dire bonjour plus d’une fois. Il sort du pain du frigo mais les pas sont lourds alors il tend l’oreille. L’animal est sur deux jambes. Etrange. Si un de ses potes était là, il serait déjà entré sans prendre la peine de s’annoncer. Il monte les escaliers histoire de tirer ça au clair. Il tombe sur un gosse qui semble émerveillé par ce qu’il voit. Otis à un sourire qui s’étend sur sa lèvre. Il a pas l’air de mauvaise intention le gosse, il semble juste curieux. Le vieux, il observe le jeune qui ne tarde pas à découvrir sa présence. Il balbutie des excuses et tente de prendre la fuite. Sauf qu’Otis, il a bien vu le regard du jeune sur sa péniche. Il a bien vu son admiration et ses rêves danser sur ses rétines. Alors il l’invite à rester.
« Hé Gamin, elle te plait ma péniche ? » Il est sympa Otis, il ne l’engeulle pas. Parce que lui aussi il se permet de faire des trucs qu’il ne devrait pas. Et puis, en le regardant d’un peu plus près, il lui fait un peu penser à lui : même dégaine, regard perdu cherchant un sens à sa vie. Otis il remarque les vêtements du jeune, si il ne vit pas sous un pont, il en est pas loin. « Viens, j’vais pas te bouffer. Allez viens, j’vais te montrer un truc. » Il lui fait signe de le suivre et contourne la péniche. Il jette un œil au gamin qui ne doit pas avoir plus de vingt ans et sans doute des rêves pleins la tête. « Ça c’est la cabine de pilotage, ça te dis d’essayer ? » Otis lèves les yeux au ciel et tapote l’épaule du jeune comme si ils se connaissaient depuis toujours. « Allais ! Fais pas ta chochotte, j’vais te montrer. » Otis entre dans la cabine étroite et allume le moteur « Bon, c’est quoi ton nom, gamin ? »