erdue dans ses pensées, Alanna arpentait les allées de la librairie dans laquelle elle travaillait. Elle revenait de sa pause déjeunée où elle avait simplement avalé en quatre / cinq bouchées un sandwich poulet crudités et elle s’était mise de côté sa pomme pour quand son estomac se réveillera à nouveau. L’après-midi s’annonçait long, car malgré la rentrée, et donc les nombreuses nouveautés au niveau littéraire, la plupart des gens avait également repris leur travail, et la jeune femme pouvait s’estimer tranquille jusqu’à 17 heures, heure à laquelle l’affluence commencera à submerger. Elle profitait de ce calme apaisant pour mettre en rayon les nouveaux livres qu’elle avait déjà lu par ailleurs, étant donné que tous les libraires recevaient les nouveautés en avance sur la date de sortie afin de pouvoir au mieux conseiller leur clientèle et les guider dans leur recherche. En apercevant le petit coin aménagé pour les réunions entre lecteurs qui avaient lieu chaque mercredi soir, Alanna se dirigea vers celui-ci, un petit sourire au coin. Certaines personnes avaient du mal à concevoir d’être entourés de bouquins, et considéraient son travail comme un calvaire, car « lire un livre que tu aime bien, ça peut être amusant, mais être obligé de lire des ouvrages que tu n’aimes pas, c’est aberrant ! » Mais c’était le monde littéraire, et la demoiselle aimait cet univers qui pouvait l’émouvoir, la faire voyager, la transporter n’importe où ! Et elle n’échangerait cela pour rien au monde.

En entendant le carillon de la porte d’entrée, Alanna, qui s’était accroupie, se redressa et commença à se retourner, sourire aux lèvres, afin d’accueillir le client mais elle sursauta à cause d’un moucheron qui avait décidé d’atterrir dans son œil gauche, avant même de s’être entièrement retourné. Son épaule tapa une étagère qui, par malchance, se pencha en avant et fit tomber les quelques ouvrages qui se trouvait dessus dans un bruit léger. Son client eut le réflexe de lever les bras au-dessus de sa tête et stoppa net l’étagère qui allait s’effondrer sur lui. Au vue de son regard noir, Alanna sut que ce client, qu’elle voyait pour la première fois au Weakly & Co’, allait repartir aussi vite qu’il était venu. Elle se précipita pour libérer l’homme qui ne fit pas un geste et remit l’étagère droite, tout en adressant à sa victime un regard inquiet.  « Veuillez m’excuser, j’ai eu un mouvement brusque et … » Elle ne put terminer sa phrase que l’homme hocha légèrement la tête, sûrement encore abasourdi par le choc du meuble qui lui avait frôlé la tête, et bougonna quelques mots incompréhensible avant de passer la porte et de partir.

La jeune femme leva une main vers son front, fermant les yeux. Quelle idiote, et tout cela à cause d’un satané moucheron ou autre bestiole volante qu’elle ne supportait pas quoi qu’il en soit. Il fallait qu’elle arrête de sursauter ou d’avoir peur au moindre bruit ou geste. S’accroupissant à nouveau après avoir lever les yeux au ciel, complètement exaspérée d’elle-même, elle entreprit de ramasser les livres tombés à la renverse, vérifiant pour chacun d’eux s’ils n’étaient pas abimés, que ce soit par un quelconque pliage de page ou au niveau de la couverture. Intérieurement, elle s’estima chanceuse que cela ne soit pas arrivé quand la librairie était pleine. Le carillon tintant une nouvelle fois, Alanna leva rapidement la tête, bredouillant « Monsieur, sachez que je suis navr… ». Mais ce n’était pas l’homme d’il y a dix minutes qui revenait, c’en était un autre. « Bonjour ! » Alanna afficha un sourire crispé, désolée que le nouveau client puisse apercevoir le désordre. « Je suis à vous dans deux minutes ! » dit-elle en se dépêchant de tout ramasser et ranger.

lanna se mordit la lèvre inférieure. Certes, l’erreur était humaine, mais à ses yeux, elle ne se montrait absolument pas professionnelle face à son premier client principalement, mais également face à son deuxième. Un homme qui n’avait d’ailleurs pas du tout l’air déranger par cette situation, juste interloqué.  « Vous voulez un coup de main ? » La jeune femme ouvrit la bouche en ayant l’intention de décliner l’aide du brun, mais il agit dans la seconde, sans laisser le temps à une quelconque réponse. Sûrement un acte voulu car il se doutait préalablement de sa réponse négative. « C’est un client qui a fait tout ce bazar ? Il aurait pu vous aider à ranger quand même. » Le rouge monta aux joues d’Alanna, qui ressentit à cet instant un moment de gêne mélangé à la honte qui ne l’avait pas quitté depuis qu’elle avait fait basculé l’étagère sur le précédent monsieur. « Oh non, détrompez-vous. Je suis juste maladroite… » Un petit rire gêné suivit sa phrase. Autant dire qu'elle était maladroite plutôt que peureuse de choses insignifiantes telles que ce fichu moucheron. Bon, en même temps, elle en avait subi l'attaque ... « Malheureusement, c’est le client qui a subi l’avalanche des livres. » Une petite touche d’humour ne fera pas de mal, et Alanna adressa à son client un sourire et entreprit de terminer de ranger son bazar.  « J’espère surtout ne pas avoir abîmé de livres ! En tout cas, merci pour votre aide.»

En tout, il aura fallu moins d’une vingtaine de minutes pur ramasser les quelques bouquins au sol, vérifier s’ils n’étaient pas déchirés ou tordus – par chance ou miracle, ils n’avaient pas subis de dommages - et les remettre à leur places initiales sur l’étagère. Etagère que la Française remplira petit à petit avec les nouveautés de cette rentrée. Elle retourna près de la caisse, relevant la tête une fois arrivée à son poste. « Je vous laisse faire un tour si vous souhaitez, mais si vous avez une idée précise en tête ou des questions je suis à votre disposition » Elle lui devait bien ça, déjà pour le simple fait qu'il ait passé le seuil de la librairie, mais d'autant plus qu'il lui avait apporté de l'aide alors que ce n'était pas son rôle. Généralement, en entrant dans une boutique où c'est le désordre, les clients décident de faire demi-tour (pour revenir plus tard ou bien jamais) ou alors ils lorgnent d'un regard hautain ou méprisant la personne tenant la boutique. Rares sont ceux aidant à réparer les dégâts quand cela les concernent pas, ce qui, d'un côté, était compréhensible. Alanna lui en était donc reconnaissante, et l'aida à engager la discussion. « Je ne vous ai jamais vus ici, vous êtes du coin ? »