Erika Nowles membre □ Suddenly, staring at nothing, I see it. All is gradual.
RAGOTS : 85 ARRIVE(E) LE : 10/09/2017 POINTS : 88 | Sujet: Colorful tastes {Nephtys} Dim 17 Sep - 18:35 | |
| Le coup de fil qui t’a surpris, te réveillant trop tôt d’une soirée trop tardive. Le regard embué, hagard, le corps un peu mou, un peu ailleurs, au départ, tu as fini par émerger de ton lit aux draps complètement froissé. Quelques heures avant la visite d’une potentielle cliente. Tu ne sais même pas, comment elle en est venue à vouloir une de tes œuvres. À s’intéresser à l’artiste délurée que tu es, souvent à l’ouest, perdue dans les méandres de ton imagination. Quoi qu’il en soit, tu as vu en cette visite un potentiel particulièrement intéressant. Tu n’es en rien une anti capitaliste, priant pour le retour d’un communiste désuet et des valeurs partagées. Tu sais que l’argent ne fait pas le bonheur, mais qu’il participe à une vie correcte. Qu’il est nécessaire. Contribuant à ton insouciance. Tu te contente de peu depuis toujours, mais la perspective de vendre une de tes œuvres, de gagner de l’argent pour ton talent, t’excite au plus au point. Sous la douche, tu chantes, un énième classique. Tu te laves de la sueur et des effluves de sueurs, d’alcool et de clope. Tu te débarrasses de toute trace d’une déchéance évidente. Tu ne te considères pas comme un déchet de la société ou une pauvre hippie inconsciente, mais tu sais que beaucoup ne comprennent pas ton mode de vie. Le fait que tu ne sois pas porté par une évidente ambition de réussite et de richesse. Bien sur que dans l’idéal, lorsque tu te prêtes à rêver, tu te vois reconnue par tes œuvres, mais de là à pousser le vice au point de ne vivre que pour la reconnaissance, il y a, pour toi, un grand pas.
Tu enfiles une robe, rouge, courte, rehaussé par plusieurs colliers, toi qui ne peut te contenter de sobriété. Tu fais pourtant un effort dans ta tenue. Moins lâche, plus près du corps. Des bottines, une petite veste noire et bien sur, un maquillage assorti. Pas trop clinquant, pas trop violent. Quelque chose de presque élégant, toi qui souvent, est davantage dans les lèvres carmins et les yeux très noirs. Ici, tu veux faire bonne impression. Tu veux donner à cette cliente une bonne image de toi, tout en restant toi même. Tu ne peux pas renier ce que tu es en vérité, ton style, ta façon de penser, de vivre, d’agir. Tu sais que tu auras la même désinvolture qu’avec beaucoup. La même passion, quitte à passer un peu pour une artiste illuminée, mais qu’importe. Tu mets rapidement un peu d’ordre dans ton salon, puis après, dans la pièce qui te sert d’atelier, où de nombreuses œuvres sont exposées. Un mur entièrement fait de collages, un autre de peintures colorées, de portraits et autres esquisses. C’est dans ton salon que sont affichés tes photographies. Certaines, même, dans ta chambre. Toute ta demeure n’est que le reflet de ta passion débordante pour l’art, sous toute ses formes. De tes expériences, parfois ratés. De tes tableaux, certaines fois très approximatifs. Mais tu sais qu’un artiste n’est pas qu’un génie. N’est pas doué au point de faire d’un chef d’œuvre chaque projet qu’il lance. Alors oui, ta maison comporte le bon, comme parfois le moins bon, que tu affiches sans honte. Tu sais que tu ne peux prétendre à la perfection et que ce n’est pas en te cachant derrière une approximation de la chose, que tu obtiendras plus de client, ou plus de succès.
Un café à la main, rapidement avalé, tu te retiens de fumer pour ne pas trop sentir le tabac, alors que déjà, la sonnette retentie. Tu sursautes presque, avalant la fin de ta tasse rapidement, grimaçant sous le brulant du liquide, avant de te diriger vers la porte d’un pas rapide. Tu l’ouvres sur une jeune femme qui te laisse un instant, silencieuse, tant les traits de son visage semblent parfaits. Elle te fait pensée à une de ces femmes égyptiennes, d’un autre temps. Mais rapidement, tu te rends compte que tu dois être en train de la dévisager avec fascination, alors un sourire nait sur tes lèvres. « Bonjour, pardonnez-moi. Erika, enchantée » Tu lui tends une main polie, étant tout de même familière avec les bonnes manières. « Mais je vous en prie, entrez ! » Lâches-tu en t’écartant de la porte pour lui faire place, retrouvant ta légendaire assurance.
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