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 [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese]

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MessageSujet: [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese]   [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese] Icon_minitimeLun 21 Aoû - 0:33


c'est le coup de la panne...

La chaleur de Santa Monica lui manquait déjà. La longue plage et ses eaux claires, la grande roue au bout de la jetée, la promenade qui la longeait… Ses parents qui habitaient à quelques pas. Elle aurait voulu rester plus longtemps, se prélasser davantage sur sa serviette, à l'ombre d'un parasol, regardant les apollons en maillot de bain passer devant elle ou jouant au beach volley non loin de là. Ce n'étaient pas spécialement des modèles de vertu ; tous les jours, elle les voyait, tous les jours, ils avaient de nouvelles filles pendues à leurs bras, ils adressaient des sourires éblouissant à des nanas blondes peroxydées et à la poitrine refaite. Le superficiel prédominerait toujours sur le naturel. Pauvre nature, qu'avons-nous fait ?
Le mariage de son cousin s'était déroulé sans encombre. Les invités avaient participé sans rechigner aux diverses animations proposées et Nina avait été choisie pour faire un petit discours de la honte, de ces discours dans lesquels on en profite pour afficher un maximum la personne concernée. Même si elle n'avait pas beaucoup d'anecdotes que ça, elle avait bien fait rire l'assemblée. Elle avait vu sa grand-mère maternelle s'essuyer discrètement l’œil, les joues rouges à force d'avoir ri. Ils avaient tous dansé toute la nuit, Nina étant toujours sur la piste. A la fin de la soirée, ses pieds étaient en feu, son dos la lançait douloureusement, ses paupières lourdes de sommeil et d'alcool, mais elle était heureuse. Elle se sentait heureuse et vivante, et ça lui faisait un bien fou.
Son boulot lui pesait parfois par moment. Entre les clients qui en profitaient pour gratter partout où ils pouvaient et les supérieurs mal lunés, elle était bien. La plupart du temps, elle devait dealer entre ces deux camps, afficher un sourire en toute circonstance, même si elle mourrait d'envie de se jeter dans la bataille. Prendre le risque de prendre les armes revenait à signer la fin de son contrat. Elle faisait partie des réceptionnistes que l'on appréciait, mais ils n'hésitaient pas à remercier les personnes qui se dressaient contre eux, pour une raison x ou y, sans que cela ne soit vraiment justifié, et sans preuves. Il fallait maintenant qu'elle retourne au travail après une semaine de vacances régénératrices. Oro Valley lui manquait, mais sa terre natale bien plus. La nostalgie l'étreignait comme une mère son enfant.
Nina aurait pu prendre le train pour revenir chez elle, mais des grèves s'étaient déclarées, la poussant à choisir un autre moyen de locomotion. Le bus ? Pourquoi pas. Mais elle n'aurait probablement pas eu assez de place pour ses bagages. Ou elle aurait dû être la voisine d'un homme bien trop bedonnant pour porter un marcel taille M, homme qui puerait la sueur et porterait des tongs avec des chaussettes. Le summum d'un sex appeal que la jeune femme n'appréciait pas du tout. Au final, elle avait opté pour le covoiturage. Un jeune homme qui se rendait dans la même ville qu'elle. Ce ne pouvait pas être mal. Elle pourrait faire connaissance et, s'il n'était que de passage à Oro Valley, lui donner deux-trois bonnes adresses.
Les kilomètres s'enfilaient comme des perles sur un fil. Les heures défilaient et l'horloge de la voiture indiquait qu'il n'était pas loin de minuit. Rouler de nuit, ça a largement ses avantages : il n'y a personne sur les routes, on peut rouler à la vitesse qu'on veut sans se faire klaxonner, on peut rouler les fenêtres ouvertes et hurler à pleins poumons la chanson qui passe, rien à faire. C'est la nuit, et la nuit nous appartient. Le seul inconvénient, c'est que les trois-quart des magasins de bord de routes étaient fermés, et ceux qui étaient encore ouverts étaient souvent le théâtre de petits deals, de petits vols, d'activités bien plus sordides qu'il n'y paraissait.
Le téléphone de Nina vibra dans sa poche. Elle le sortit et regarda le message qu'elle venait de recevoir. Soldes exceptionnelles sur toute la collection automne-hiver de votre enseigne… La jeune femme le supprima sans chercher plus loin. En relevant les yeux, elle bloqua sur le tableau de bord. Un point lumineux orangé brillait innocemment. A ses côtés, le dessin d'une pompe à essence. Les sourcils de la jeune femme se froncèrent. Elle posa ses yeux clairs sur le jeune homme qui conduisait. « Dis, je peux te poser une question ? C'est quand la dernière fois que tu as fait de l'essence ? »
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MessageSujet: Re: [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese]   [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese] Icon_minitimeMar 22 Aoû - 2:37

le coup de la panne.

Il ronronne. Tas de ferrailles qui fend la pénombre, transporte deux âmes qui ne se connaissent pas, qui s'apprivoisent. Il sait pas depuis combien de temps le vrombissement du moteur le berce, Reese. Une heure. Dix peut-être, il a arrêté de compter. Les éclats de leurs voix s'entremêlent. Parfois, il fait scintiller ses crocs, elle ne le voit sûrement pas, dans les ténèbres. Il ne pose que très rarement ses deux billes pétillantes sur sa compagne de voyage. Il se concentre. Les nuits sont dangereuses. Le halo des phares court sur le bitume et tente de débusquer la moindre bestiole avant qu'elle ne glisse malencontreusement sous les roues du monstre. Il est tard. Peut-être trop tôt. Au-dessus de leurs têtes, bien loin de ce capot un peu délabré, un éclat lumineux rayonne à mille lieues, douce pleine lune qui déchire le ciel de sa pâle lueur. Ca le rassure, le garçon, de percevoir cette orbe percer l’obscurité et chasser les démons qui l’habitent. Les routes, il les connait, il les a arpentés mille et une fois, d’un bout à l’autre, traversant les quelques bourgades parsemées ici et là et les rares stations-services un peu étranges, un peu bizarres. Jamais il ne s’y arrête. Jamais il n’y pose un pied. Ça lui fait défaut, parfois. Il préfère avaler les kilomètres, laisser le sol dévorer la gomme des pneus jusqu’à ce qu’enfin son foyer se dessine au loin. Il s’est laissé tenter, Reese, de sillonner les nombreuses artères reliant les nombreux vivants du continent avec à ses côtés, un corps dont les traits lui étaient inconnus. Au détour d’une avenue, elle avait crevé, avec ses sourires et ses mots, le solide cocon du garçon. Elle s’était immiscée dans l’habitacle, y avait fait son nid pour quelques heures à peine. Et ils tuaient la distance. Et il appréciait finalement. C’était agréable de se sentir loin du monde, loin tout. Oiseaux de nuit, le continent américain leur appartenait, pour un temps seulement. Il se laisse porter par les conversations et les silences qui les ponctuent, les quelques notes qui retentissent dans l’habitacle et se taisent, la taule qui fend les airs et remue la poussière. Reese, il se perd lentement, ses deux billes pétillantes ne quittent pas le bitume qui défile et disparaît sous ses pieds. Les mots sonnent et résonnent dans son esprit. Il ne réagit pas. Pas de suite. Il inspire, pose un bref regard sur sa compagne de route. « Quoi l’essence ? » Et ça vacille. Et ça tangue. Il s’accroche à son volant, le gamin, ses doigts enlacent le précieux cercle conducteur. Il se mord la lèvre inférieure. Merde. Le halo artificiel des phares s’affaiblit, s’estompe, s’efface. Il essaye, Reese, il tourne et retourne la clé, force un peu, s’énerve, s’arrête. « Putain fait chier ! » Il glisse rapidement une main dans ses cheveux, jette un coup d’œil à l’arrière sans vraiment savoir ce qu’il cherche, ce qu’il espère. Ses yeux se posent sur ce visage inconnu, ses lèvres dessinant un rictus amer. « Je suppose que t’as pas une jerrycan d’essence qui traîne dans ton sac ? » Les paumes de ses mains effleurent son visage tandis que son esprit chauffe et s’échauffe. « J’sors, j’vais passer un coup de téléphone. » Un frisson lui court le long du corps. Peut-être que des bêtes sauvages rôdent autour d’eux, leurs crocs scintillants, l’œil pétillant, elles se lèchent les babines. Peut-être qu’un homme se cache derrière ces arbres qui se dressent comme des remparts, de parfaits petits soldats qui dissimulent en leur antre un terrible démon. Il n’aime pas ce genre d’histoire, le gamin, deux âmes qui se perdent et s’arrêtent au milieu de nulle part, un petit bout de terre inconnu, délaissé, étrange goût de danger. Il fait quelques pas, pose son cul sur le capot, observe les alentours, une certaine angoisse naissante au creux de son ventre. Et il parle. Et il râle. Les éclats de voix brouillées se perdent dans la nuit, de brèves excuses, quelques conseils, Reese, il est pas avancé. Un long soupire s’échappe d’entre ses lèvres. Les mots résonnent. « Le dépanneur sera pas là avant demain matin et j’ai pas d’argent pour nous payer l’taxis, j’suis même pas certain qu’il viendrait nous sauver de ce bled paumé. » Il ne la regarde pas. Ses deux billes pétillantes tentent de percer la pénombre, de balayer les alentours, peine perdue. « J’pense qu’on devrait rester dans la voiture, juste au cas où. » Il ne veut pas se faire dévorer, le gamin. Il préfère se planquer, se recroqueviller dans quelques centimètres carré plutôt que de s’aventurer dans ces bois, sur ces routes.
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MessageSujet: Re: [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese]   [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese] Icon_minitimeMar 22 Aoû - 15:19


c'est le coup de la panne...

La voiture se mit à brouter, à tanguer sur la route. Comme si elle esquissait deux-trois pas de danse avant de se sentir épuisée par l'effort fourni. Les lumières s'estompèrent, laissant place à une pénombre silencieuse, brisée par les bruits nocturnes et la lumière, plus naturelle, d'une lune argentée. Ses yeux se posèrent sur son compagnon de route. Il semblait énervé par la situation, ce qui était compréhensible. Elle aurait pu lui poser une main sur le bras, pour l'inciter à se calmer, mais ce serait mal advenu. Elle ne le connaissait pas et il pourrait avoir une réaction plus amplifiée. Nina essaya de distinguer le paysage au dehors, espérant sûrement y voir surgir d'un instant à l'autre une station essence, qui aurait pu les dépanner. Mais il n'y avait que des arbres à perte de vue. Les paroles du jeune homme s'introduisirent dans son oreille, la tirèrent de son exploration silencieuse. « Bien sûr, et j'ai même une arbalète pour tirer les lapins. » Elle acquiesça silencieusement. De toute façon, elle n'avait pas spécialement envie de parler non plus. Qu'elle lui dise oui ou qu'elle lui dise non, Reese n'aurait pas tenu compte de son avis. Il ne la connaissait pas, pourquoi le ferait-il après tout ? Elle sortit son portable. Peut-être qu'elle pourrait tenter de trouver une solution, elle aussi, au lieu de rester les bras ballants, le cul sur un fauteuil de voiture… Bien évidemment, elle n'avait pas de réseau. Et de toute façon, les seules personnes qui auraient pu l'aider étaient ses parents, qui habitaient à Santa Monica et qui dormaient probablement à cette heure-là ou ses amis d'Oro Valley, sûrement en soirée de perdition, à imiter toute la basse-cours, s'imaginant les rois du monde. Comme elle aurait aimé être avec eux en ce moment même ! Elle n'aurait pas eu à se soucier d'une voiture tombée en rade, ni à angoisser quelque peu parce qu'ils se trouvaient paumés au milieu de nulle part, et qu'il y avait probablement un psychopathe à la hache planqué quelque part. Le double meurtre ferait les gros titres des journaux le lendemain. Deux corps retrouvés le long de la route Y. La thèse du meurtre reste privilégiée. Rien qu'en y pensant, Nina frissonna. Elle ne pouvait pas finir comme ça. Sa famille avait assez eu de drames ces derniers siècles, elle n'allait pas ajouter sa pierre à l'édifice. « Et je parie que dans ce trou paumé, les taxis ne prennent pas les cartes bleues… » Son corps se pencha en avant, ses mains pénétrèrent son sac à main, y farfouillèrent un instant. En ressortirent victorieuse, accompagnée d'un paquet de mouchoirs que la jeune femme s'empressa de fourrer dans une de ses poches. Elle ôta sa ceinture. « Je vais en profiter pour aller soulager ma vessie alors et voir si je ne peux pas trouver quelque chose qui nous dépannerait. » Sans demander son reste, elle quitta l'habitacle de la voiture et se dirigea vers l'épaisseur noire trouée par la lune argentée. Elle s'y enfonça, pleine d'appréhension. Ses yeux rivés au sol tentèrent de discerner les trous et les branches mortes. Ses doigts plongèrent dans sa poche, à la recherche de cette technologie dont elle ne saurait se passer et activa la lampe torche. La lune n'éclairait pas tout et certaines zones d'ombre subsistaient encore. Elle avisa un arbre, suffisamment éloigné de la voiture, dont elle discernaient encore les formes grâce à la lumière lunaire avant de poser son téléphone, écran face au sol. Après s'être soulagée et essuyée, elle revint vers la voiture et traversa la route. Peut-être que les réponses n'étaient pas de leur côté, mais plutôt de l'autre. Elle marcha cinq longues minutes avant de tomber face à un petit chemin de terre. Pas bien grand, certes, mais suffisamment pour y faire passer une voiture. Alors, elle leva le bras et agita le téléphone en l'air, espérant que le jeune homme verrait la lumière de la lampe et aurait deux brins de jugeote pour savoir qu'elle l'appelait.


Dernière édition par Nina Rosario le Sam 26 Aoû - 17:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese]   [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese] Icon_minitimeVen 25 Aoû - 19:11

le coup de la panne.

Elles hurlent et chantent. Planquées dans les sous-bois, sous une brindille, elles se secouent, maîtresses de ces lieux. Elles rampent, se faufilent entre deux bruns d'herbe, observent, se moquent peut-être. Leurs cris se mêlent et s'entremêlent dans une douce mélodie. C'est agréable, le chant des criquets la nuit. Reese, il n'a pas le temps d'apprécier, de s'arrêter et de les écouter. Pendu à son téléphone, il s'arrache les cordes vocales, sa voix porte, s'éloigne, se perd entre les arbres. Il crache, peste, désespère. Il pourrait, le garçon, traîner sa carcasse sur les routes, dévorer lentement les quelques kilomètres restant pour rejoindre son précieux foyer, s'enrouler dans ses draps et ne revenir à la réalité qu'une fois le soleil à son zénith. Mais il ne veut pas, il ne peut pas laisser derrière lui son tas de ferrailles, son fidèle destrier assoiffé, délabré, brisé. Alors, il insiste, il laisse échapper quelques mots crus sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. Le verdict tombe. Mère nature accueillera son pauvre corps fatigué jusqu'à ce que les premiers rayons ne transpercent la pénombre et chasse les quelques bestiole noctambules qui ne cessent de chanter. Il soupire. Il peut déjà sentir l'inconfort des sièges le pourrir jusqu'à la moelle, malmener ses os, ses muscles, il le sait le garçon, il sait qu'il passera la nuit plié en quatre dans le coffre, sur la banquette arrière ou avec le frein à main lui chatouillant les reins. Sa compagne nocturne s'éloigne. Sa silhouette s'estompe lentement, les ténèbres glissent sur sa peau, l'attirent et la tire jusqu'à ce que son petit corps frêle et fragile disparaisse entièrement. Il était seul, le garçon. Son téléphone glisse entre ses doigts. Son esprit se tourne et se retourne en espérant trouver une issue, une fin heureuse à cette  mésaventure. Le vide. Rien. Il siffle quelques insultes entre ses dents, se lève rapidement, enroule une main autour de la poignée et tire. Une fois. Deux fois. Il fronce les sourcils, s'acharne et s'énèrve. Ses paumes viennent frotter son visage. Mauvais cauchemar. Ses deux billes pétillantes balaye les alentours, reviennent sur la portière, s'excitent et s'agitent. Et elle qui ne revient pas. Et lui qui n'en revient pas. Son regard se pose sur une petite luciole qui remue au loin. Halo artificielle que l'on secoue de gauche à droite. Il lève les yeux au ciel.  « Putain, qu'est-ce qu'elle veut. » Qu'il siffle à lui-même. Vipère contrariée, il laisse baver son venin sur la malheureuse. Il lève la voix.  « Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? » Des éclats volent et s'envolent loin de lui. Quelques mots qui se perdent, il ne comprend pas.  « Parle plus fort, j'entends rien. » Et soudain, ça lui vient, comme cinq doigts d'une main venus s'écraser sur son visage. Il écarquille les yeux. N'écoute pas sa compagne nocturne. Il laisse échapper quelques insultes. Elle continue de pétiller au-dessus de leur tête, les illumine de sa pâle lueur.  Ils sont visibles, à découvert, faibles. Ils n'ont plus la sécurité d'une voiture verrouillée, d'une coquille de taule pour les protéger. Il se met en mouvement, rejoint celle dont il ne connait rien. Il sourit bêtement.  « On pourrait aller vite observer les sous-bois pour voir s'il y a quelque chose, genre, une maison, une cabane, ou quelque chose comme ça. » Quelque chose comme quoi. Quelque chose comme une bête sauvage qui gratte la terre de ses griffes et n'attend qu'un tas de viande à se mettre sous la dent, quelque chose comme un fou échappé d'un asile quelconque qui guette l'occasion rêvée pour se jeter sur deux êtres un peu paumés. Il déglutis difficilement. Il ne laisse rien paraître, le garçon. Il s'avance, glisse entre les branche avec une agilité féline, se laisse porter par l'instinct. Il s'arrête. Il observe. Plisse les yeux.  « Il y a un truc là. » C'est léger, un peu flou.  « Tu vois là ? » L'orbe suspendue, accrochée bien loin de cette terre se reflète à quelques mètres seulement de leurs carcasses. Alors, il avance. Il s'aventure vers cette pâle lueur qui ondule. Et il ne voit pas, Reese, ce lac qui n'attend que de le happer, de l'entraîner dans ses abysses au milieu d'êtres vivants et non-vivants. Il glisse. Son corps, vulgaire poupée de chiffon, se désarticule dans la chute, ses mains ne le retiennent pas, son cul embrasse l'eau qui se secoue et remue sous ses mouvements brusques.
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MessageSujet: Re: [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese]   [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese] Icon_minitimeVen 25 Aoû - 23:22


c'est le coup de la panne...
Elle se sentait seule, à parcourir cette route à pieds, pendant cinq bonnes minutes. Son cœur battait la chamade et tressautait à chaque craquement suspect. Pourtant, elle n'avait pas peur du noir et y évoluait plutôt aisément, mais ce qui l'angoissait davantage, c'était cette nature inconnue, qui s'étendait partout. Ce manque de connexion d'avec le monde extérieur, cette solitude soudaine que les aléas de la vie lui imposait soudainement. Ces longs sillons crispés au dessus d'elle, oscillant au gré d'une légère brise. Elle n'était pas dérangeante, cette brise. Si Nina n'avait pas entendu les feuilles bruisser au sol, elle ne l'aurait probablement pas remarquée, trop occupée à observer le paysage, à la recherche de la moindre parcelle de vie. L'éternité était étendue au dessus d'elle, l'absorbait à la moindre pulsation du cœur, l'effaçait à chaque respiration. Cet endroit si rempli et si vide l'oppressait. Le jour, il devait probablement être beau. En cet instant, il avait presque des allures de films de Tim Burton. Quelque chose de beau et d'effrayant, un point sensible qui dérange et sur lequel on ne peut mettre le doigt. Cinq petites minutes de marche qui lui semblèrent si longues. Les mètres semblaient s'être étirés à l'infini, rendant son périple d'autant plus fatigant. Elle se demanda alors pourquoi elle avait pris un covoiturage. Elle aurait mieux fait de prendre le bus, le train ou l'avion, ça aurait été moins contraignant. Mais le covoiturage ? Ses parents n'étaient pas fan de ce procédé de locomotion. Ils avaient entendu à la radio, lu dans les journaux, les nombreuses histoires de jeunes filles qui se faisaient enlever par des hommes peu recommandables, ces mêmes-filles pensant qu'ils n'étaient que des conducteurs agréables et qui leur permettraient de rejoindre leur destination en toute sécurité. Ils avaient tenté de démontrer à Nina par a+b qu'elle ne devait pas rentrer de cette manière, et ils étaient prêts à lui payer l'avion si nécessaire. Sullivan était entré dans la bataille, avait prétexté qu'il utilisait souvent le covoiturage pour aller d'un point A à un point B et qu'il était toujours là. Non seulement, il était là, mais il était aussi vivant. Ses parents n'avaient plus rien osé dire et l'avaient laissé partir, la réticence se peignant sur leurs visages. Mais si elle avait su, elle les aurait écouté, bon sang ! Et cette marche interminable ! Un petit serpent terreux se tortillait entre les brindilles et les arbres. Il paraissait avoir subi de multiples pas, mais pas suffisamment pour en faire un chemin digne de ce nom. Son portable en guise de phare, elle espérait que le jeune homme la rejoigne. Elle n'osait s'aventurer dans ces bois seule. En plein jour, pourquoi pas. En pleine nuit, c'était autre chose. Elle scruta l'horizon, percé de temps à autre par la clarté de la lune. Son cœur battait de plus en plus fort. Et s'il avait décidé de rebrousser chemin à pieds ? Et s'il s'était aventuré dans les bois et qu'il lui était arrivé quelque chose ? Une ombre glaçante se dessina au loin. Les contours flous auréolés de lune la terrorisait presque. Elle avait beau savoir que ce n'était que son compagnon de voyage, elle ne pouvait s'empêcher de penser au tueur à la hache qui hantent maints films d'horreur. L'ombre s'avançait davantage, une sorte de râle l'accompagnant. Enfin, râle était un bien grand mot. Plus elle s'approchait de Nina, plus les râles devenaient compréhensibles. « Je disais que j'ai repéré un petit chemin.  » Elle laissa le jeune homme se lâcher cinq minutes. Après tout, sa chère voiture venait de tomber en panne, il y avait de quoi être énervé. Dans la même situation, elle aurait sûrement insulté la terre entière de tous les noms d'oiseaux et de poissons lui passant par le crâne. Il passa devant elle, elle le laissa faire. Elle se sentait davantage rassurée quand quelqu'un prenait les devants devant une telle « mission », si mission était bien le mot approprié. Leur périple est ponctué de courts arrêts, arrêts sur image, où allons-nous maintenant ? Ils continuèrent pourtant leur chemin avant l'arrêt que Nina pensait définitif. Elle se rapprocha du jeune homme et regarda la direction qu'il lui indiquait. Ses yeux clairs se posèrent sur la lune pâle qui faisait onduler un rideau sombre. Le questionnement barra son front de multiples traits. Bizarre, quand même. Enfin non, mais si un peu. La lune était pourtant bien belle ce soir-là et d'un éclat magique et mystique, et pourtant, pourtant, elle n'éclairait pas beaucoup cette surface qui se louvoyait sous leurs yeux. C'était probablement un petit étang, ou un point d'eau encore inondé après de sacrées averses. Avant qu'elle ne réagisse, il était déjà parti. Elle n'entendit que le bruit d'un choc avec l'eau. Ça la tira de sa torpeur. Son cœur s'affola de nouveau. Et s'il avait plongé pour fuir un ennemi quelconque ? Et si… Mentalement, elle se colla quelques baffes. Non, s'il y avait eu des ennemis, ils l'auraient entendu, pas vrai ? A son tour, elle fit quelques pas, tentant de repérer le conducteur. Son portable tendu devant elle. Une forme aux contours incertains se dessina devant elle. Lumière naturelle mêlée de lumière artificielle. Elle posa son téléphone sur un petit caillou afin d'éclairer un peu l'endroit avant de se diriger vers le bord traître de l'étendue d'eau. Elle vit Reese en bien fâcheuse posture. En temps normal, elle aurait ri, mais les circonstances ne lui en donnèrent pas l'envie. Elle lui tendit la main. « Ça va aller ?  » En attendant de savoir si le jeune homme allait saisir sa main, elle laissa son regard divaguer sur les alentours. La lune éclaira quelques courtes secondes ce qui ressemblaient à un ponton en bois, comme ceux des films américains. Un fin sourire se dessina sur le visage de la jeune femme. « Si t'avais vraiment envie de te baigner, il y avait un ponton plus loin. Ça aurait été plus pratique pour toi, tu ne crois pas ? »
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MessageSujet: Re: [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese]   [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese] Icon_minitimeMer 30 Aoû - 3:07

le coup de la panne.

Elle court sur sa peau, lui arrache un frisson, elle s'étend, elle l'enlace. Il peut entendre, Reese, les résidents de ces sous-bois s'agiter dans les hautes herbes, se planquer ici et là en le jaugeant de leurs cachettes. Etranger en ces lieux, il a, malgré lui, brisé la sérénité d'une nature assoupie. Le corps à moitié immergé, il ressemble à une épave accidentée, carcasse glissante dans les bas-fonds dangereux d'un lac, miroir paisible où le ciel et la terre s'entremêlaient dans une parfaite illusion, avant qu'un élément perturbateur ne vienne faire sauvagement onduler ce voile froid et humide. Il reste là quelques minutes, un peu sonné peut-être, las de ces mésaventures probablement. La luciole danse devant ses yeux, bien plus vive, bien plus puissante. Reese, il pose son regard autour de lui, balaye rapidement l'étendue d'eau qui se dessine dans la pénombre,  avant que ses deux pupilles pétillantes ne détaillent les traits finement sculptés de sa compagne nocturne. Sa voix sonne et résonne entre les arbres, remparts naturels qui étouffe le bruit, l'empêche de se perdre jusque sur les routes. Ils sont seuls. Ils sont faibles, fragiles, des âmes errantes, piégées dans un milieu qui ne leur appartienne pas. Il souffle le garçon. Il se secoue, remue le miroir que les ondulations ne déchiraient plus depuis quelques minutes. Il n’agrippe pas cette main tendue. Il se démerde, traîne sa carcasse trempée hors de l’eau, rampe jusqu’à ce l’herbe sèche vienne lui caresser la peau. Et il peste. Et il siffle. Des insultes qui volent, transpercent la nuit et les fourrés, elles se perdront peut-être aux oreilles d’un curieux, d’une âme charitable portée par le destin et un peu d’espoir sûrement. Il rêve, le garçon. Son regard file sur la silhouette féminine qui se dressait à ses côtés. « J’rentre pas dans ma caisse comme ça, j’ai pas envie qu’elle se transforme en piscine. » Il se relève, pousse sur ses bras où perlent encore quelques gouttes. Il se sent lourd, le gamin, il se sent sale, collant, il n’aime pas cette sensation, celle de fringues qui s’accrochent et embrassent les corps humides. Alors, sans gêne, sans même adresser un regard à sa compagne nocturne, Reese, il enlève son tee-shirt qu’il jette négligemment sur ce qu’il espérait être un rocher, avant que sa carcasse ne se mette en mouvement. Il cherche, il fouine, il frôle les sous-bois, s’y aventure, quelques pas seulement. Ca craque sous ses pieds, le bois qui se fend, se déchire sous des impulsions, frêles brindilles qu’il ramasse ici et là. Il vient, il va, il s’arrête, fouine, hésite, jette, prend, il s’affaire, abeille ouvrière qui s’active et s’anime autour d’un petit tas de branchages qui ne cesse de grossir jusqu’à ce que son créateur, artiste d’une nuit, y ajoute un dernier rameau. Il fourre sa main dans une de ses poches, puis dans l’autre avant d’en tirer un briquet. « Putain, t’as intérêt à marcher. » Qu’il siffle entre ses dents. Et il essaye. Une fois, deux fois, le bois qui rougit. Elles naissent, embrasent, grandissent, se nourrissent. Ses lèvres dessinent un léger sourire. « Avec ça, ça devrait aller vite. » Il pose son cul non loin de ces flammes qui dansent et animent les fourrés, les ombres s’affolent, des formes qui courent sur les arbres, le sol, se reflètent sur ce miroir à nouveau paisible. Elles ne s’échappent pas, se contiennent, ne tentent pas de goûter à la chair humaine, elles se battent entre elles, s’attrapent, fusionnent, se séparent. Reese, il se concentre sur ses langues ardentes qui s’étirent un peu plus chaque minute. Dangereux ballet qui fascine les hommes et effraye les démons. « J’ai toujours voulu faire un bain de minuit. » Ses pupilles pétillantes ne quittent pas le spectacle qui se joue devant lui. Les mots lui échappent, il ne s’en rend pas compte, mais ils résonnent et brisent le crépitement hypnotisant du brasier qui dévore les brindilles. « On est bloqués là, à attendre on ne sait trop quoi, on ne sait trop qui. » Il se tait. Un instant. Quelques secondes seulement avant de se lever brusquement. Il déboutonne son pantalon, ses crocs scintillants à la lumière du feu qui s’agite non loin de lui. « Tu fais ce que tu veux, mais moi, je vais terminer ce que j’étais en train de faire. » Il rit. Un léger éclat qui ricoche sur ce miroir plat et paisible. Il retire son pantalon, le jette un peu plus loin avant de se précipiter sur le ponton à quelques mètres seulement du camp. Il court. Prend de l’élan. Et dans un cri de joie, s’élance, déploie ses ailes et laisse l’eau l’embrasser sauvagement. Il coule. La fraîcheur glisse sur sa peau, lui arrache un frisson. La nuit était douce.
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MessageSujet: Re: [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese]   [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese] Icon_minitimeJeu 31 Aoû - 1:09


c'est le coup de la panne...
Sa main restée tendue vers le corps immergé attendait d'être saisie. Quand le jeune homme réussit à s'extraire avec difficulté de l'eau, elle resta encore un instant suspendue. Les doigts se refermèrent sur du vide. Elle regarda le jeune homme, les joues rouges de honte ou de petite colère, peut-être les deux. Pourquoi faut-il que les hommes aient un ego surdimensionné ? Pourquoi ont-ils du mal à demander de l'aide ? Il n'y a pas de mal à en demander, de temps à autre. Mais Reese… Il semblait faire partie de ces hommes qui devaient avoir du mal à voir une femme penchée au dessus du capot de la voiture et faire de la mécanique. Peut-être se trompait-elle, mais c'est l'impression qu'elle avait en ce moment, en ramenant sa main aux doigts serrés contre elle. De douces insultes et autres délices auditifs parvinrent à ses oreilles. Nina se redressa et s'étira un court instant. Ses yeux se posèrent sur la silhouette trempée du jeune homme. Encore au sol, il lui adressa quelques mots avant de se relever. La jeune femme ne se dérangea pas pour se faire bien plaisir. Après tout, ce tee-shirt ne moulait-il pas ces petites tablettes de chocolat ? Et ces fesses, devait-elle vraiment s'y attarder ? Ce devait être le type de gars qui a conscience de son pouvoir de séduction et qui n'en joue pas. Enfin, Nina l'espérait ainsi. Non pas qu'elle n'envisagea une quelconque relation – après tout, il n'était que son chauffeur. Ils pouvaient faire connaissance, mais ils n'allaient probablement jamais se reparler après. Peut-être se recroiser, échanger quelques banalités au dessus d'une poubelle de rue. Peut-être. « Ah euh, oui. Bah tu fais ce que tu veux, c'est ta voiture. De toute façon, on est coincés là jusqu'au matin, alors… T'auras probablement le temps de sécher ! » Il enlevait déjà son tee-shirt. Les yeux de la jeune femme s'arrondirent. Oh, des hommes torses nus – et pas que – , elle en avait déjà vu, mais ils ne s'étaient jamais dévêtus aussi vite que Reese. Et puis, elle ne le connaissait pas, et le voir ainsi la troublait quelque peu. Elle se détourna en poussant un soupir et ramassa son portable encore resté au sol. Elle s'assit sur une souche d'arbre sèche et tenta de retrouver du réseau. Elle aurait bien appelé sa mère pour lui dire qu'elle n'était pas arrivée car elle avait eu un contretemps et qu'elle se retrouvait au milieu de nulle part. Mais elle aurait piqué une crise. « Et si c'était un pervers, Nina, t'imagines ? S'il essaie de te violer quand t'auras le dos tourné, tu feras quoi, hein ? Tu ne pourras pas dire que je n'avais pas raison ! », seraient les mots que sa mère lui tiendraient. Mais, de toute façon, aucun putain de réseau. Sa mère passerait probablement toute la nuit à se ronger les doigts, à essayer de l'appeler. Tant pis, il faudra bien qu'elle s'y fasse. Un bruit de linge mouillé contre une surface dure, quelques craquements plus tard, et Nina se retrouva seule. Maintenant que Reese avait déserté, elle prêtait davantage attention aux bruits alentours. Des petits craquements dus à des bestioles, des petits cris, au loin. En y prêtant bien attention. Elle savait la présence proche du jeune homme, mais son portable n'éclaire pas bien loin. La lune ne dessinait que des contours. Les arbres n'étaient que des courbes tordues qui s'élançaient vers le ciel. L'herbe de vagues ondulations. Les souches d'arbres et les pierres que des petits tas. Et le lac, une ligne brillante. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine. Il finit par revenir et par former un petit tas. Elle le regarda faire, hésitant à lui proposer son aide. Vu comment il semblait être de bonne humeur, il l'aurait sûrement envoyée paître. Il pesta, encore une fois. La jeune femme retourna à son portable, arquant un sourcil. Elle releva pourtant les yeux lorsque des lueurs rougissantes prirent place dans le décor. « Tu vois, ça ne servait à rien de pester ! » Une nouvelle fois, un soupir s'échappa d'entre ses lèvres. Elle éteignit la lampe torche de son téléphone, qu'elle posa non loin d'elle avant de regarder les petites langues de feu lécher le bois avec délice. Elle regarda le jeune homme qui se mouvait pour s'asseoir, lui adressa un petit sourire avant de se perdre dans la contemplation de ce feu naissant. Au bout de longues secondes, elle abandonna sa souche pour se rapprocher davantage de ce petit brasier. Ce n'est pas qu'elle avait froid mais rester sans bouger ne la réchauffait pas non plus. Ses yeux s'accrochèrent sur ceux de Reese. Le feu y dansait aussi dedans, et ce spectacle était hypnotisant. C'est fou ce qu'on peut voir dans des yeux, n'empêche. Elle sourit, davantage pour elle-même que pour lui avant de revenir à la contemplation des flammes. Un silence bienvenue s'était installé autour d'eux, les enveloppant comme dans une couverture. Elle appréciait ces instants volés à la barbe de la ville, avant un retour au travail où tout ne serait que sonneries de téléphone, plaintes de clients, bruits de touches que l'on enfonce. Ce n'était pas la soirée qu'elle s'était figurée, mais après tout, pourquoi pas ? Même chez elle, elle n'avait pas ce silence-là. Les voisins autour d'elle, les passants au pied de ses fenêtres, le téléphone qui vibre, la musique en fond sonore. Vivre dans un instant de silence relevait de l'utopie, pour tout homme qui se respecte. Ou il fallait entrer dans les ordres, et malheureusement pour la jeune femme, elle ne pourrait plus faire vœu de chasteté ad vitam aeternam. « Hein ? », finit-elle par articuler. Mais Reese avait déjà recommencé à parler. Recommencer à faire ce qu'il avait commencé ? Mais de quoi parlait-il ? Sa mère avait sûrement raison, après tout. Voilà déjà qu'il ôtait son pantalon. Elle se raidit un peu. Oui, sa mère avait raison. Il s'apprêtait à s'exciter sur elle, la laisser mourante avant de repartir en voiture. La blague, c'est qu'il avait probablement un bidon d'essence caché dans un double-fond du coffre. Peut-être que c'est un serial violeur dans le coin, et que jusqu'à présent, il s'était camouflé derrière sa gueule d'ange, bouche en cœur, halo au dessus de la tête, amen. Elle le vit s'éloigner, s'approcher du ponton, prendre son élan, sauter, dans un cri de joie digne d'un enfant à qui on avait dit que Noël, c'était demain. Le cœur de la jeune femme se desserra. Elle s'était fait une fausse idée sur ses propos. Ce n'était pas un serial violeur, mais un jeune homme, appréciant encore les plaisirs simples d'une enfance encore proche. Elle avisa le pantalon et le tee-shirt trempés. « Ah les hommes… » murmura-t-elle pour elle-même. Elle se leva, s'en empara, et les étendit au sol, près du feu, pour qu'ils puissent sécher rapidement. Un petit point sombre était en train de rompre la ligne brillante de lune. A son tour, elle s'approcha du ponton, que ses pieds avalèrent en quelques secondes. Elle ôta ses chaussures et ses chaussettes, retroussa le bas de son pantalon et s'assit sur le rebord, jambes dans l'eau. Elle les agita un instant. « J'ai étendu tes fringues près du feu. Elles n'auraient pas séché, vu comment tu les avais mises. Comme ça, ta voiture ne sera pas une piscine et tu auras les fesses sèches ! » L'eau était tellement bonne que Nina se remit debout, ôta ses bijoux, qu'elle fourra dans ses chaussures, son pantalon et son tee-shirt avant de se laisser glisser, en sous-vêtements, dans le lac si calme et paisible. Là, dans l'eau, elle était dans son élément. Elle ne put s'empêcher de nager sur quelques mètres avant de plonger la tête sous l'eau et de la ressortir tout sourire.
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MessageSujet: Re: [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese]   [TODOLIST] C'est le coup de la panne... [Reese] Icon_minitimeSam 2 Sep - 15:17

le coup de la panne.

Elles dansent, les flammes. De petites langues qui s'agitent et lèchent sauvagement le bois. Elles se secouent, portées par ces branches qui rougissent et noircissent, qui prennent vie avant de dépérir. Reese, il ne peut s'empêcher de se laisser porter par le hurlement des brindilles qui se meurent dans un crépitement agréable à l'oreille. C'est hypnotisant, la nature qui se mord le bout de sa propre queue, se détruit, s'asphyxie. Le brasier scintille sous les pupilles du gamin. Deux miroirs dans lequel il se reflète, il vit, il grandit. Il en a presque oublié les mésaventures qui, comme la houle agitée, fourbe et sournoise, ont fait chavirer sa nuit entière. Il contemple ce ballet qui se joue devant lui. La pénombre s'éloigne, se retire dans les sous-bois, elle attend, patiemment, l'occasion de ressurgir, de s'étendre aussi rapidement que la peste, d'enlacer de ses sombre bras, les deux corps qui se blottissent non loin du feu. Il n'y pense plus le gamin. Il ne pense plus aux portes de leur unique refuge qui refusent de s'ouvrirent, les heures qui s'écoulent, qui s'enchaînent en attendant une âme charitable qui parcourrait, par le plus grand des hasards, ces routes abandonnées et qui, dans un élan de bonté, s'arrêterait pour leur tendre une main innocente, bienveillante. Il n'y a, à présent, que ces petites langues ardentes. Elles sont belles, à se tordre de gauche à droite, à grandir, à faiblir dans leurs robes teintées d'un peu d'orange, d'un peu de rouge, d'un peu de tout. Elles roulent sur sa peau, se laissent mourir, avalées par la chaleur diffuse et agréable qui lui caresse la chair. Quelques perles résistent, refusent de disparaître, de sécher. Elles narguent les flammes qui s'agitent devant elles. Reese, il a cette envie soudaine de se mêler aux éléments, de flirter avec ce qui l'entoure. Alors, dans un instant de folie, il laisse scintiller ses crocs et tomber ses vêtements. Il ne prête pas attention à sa compagne nocturne, à ses envies, à ses croyances, à ses démons, elle peut détourner le regard si elle le souhaite, elle peut pester si ça l'amuse, le garçon, il laisse son âme d'enfant prendre pleinement possession de sa carcasse. Il prend de l'élan, laisse ses jambes et son excitation le guider vers ce petit ponton qui s’allonge sur ce miroir. Et il saute. Et il se laisser traîner dans les abysses obscurs du lac qui ondule sous l'impacte de son corps avec l'eau. Il remonte, inspire sauvagement, une bouffée d'air frais qui s'immisce dans ses poumons, fait gonfler sa cage thoracique et le noie de bonheur. Il pose son regard sur la silhouette féminine qui s'approche bien plus timidement du lac. Oiseau nocturne qui tâte le terrain, observe, avant de ranger ses ailes pour quelques minutes seulement. Sa voix ricoche sur le miroir brisé et se perd jusqu'à lui. Il sourit. « Merci ! » Elle aussi se laisse embrasser par les vaguelettes, elle aussi apprécie l'agréable sensation de l'eau glissant sur sa peau. On lui effleure l'épaule, au garçon. Dans un mouvement de panique, Reese, il se tourne et se retourne, tente de maintenir sa carcasse à flots, observe à gauche, à droite et, finalement, pose ses deux billes pétillantes sur la responsable de ses maux. « Putain ! Les gens sont vraiment crades. » Et il peste. Une fois de plus. Une fois de trop. Il resserre ses doigts sur le goulot d'une bouteille en plastique qui flottait à ses côtés. Il la jette au-dessus de sa tête et se secoue sauvagement. Avant qu'elle ne puisse retomber, il laisse son pied percuter le déchet qui termine sa course un peu plus loin, gisant sur les berges. « Et c'est un magnifique but ! » Il lève les deux bras en l'air, cherche sur le visage de sa compagne nocturne, le signe d'un rictus amusé. Il est bien, le gamin, il est heureux, là, au milieu de ces fourrés qui, un peu plus tôt, l'effrayaient. Il se laisse porter par les ondulations, jette un oeil à la sphère argentée qui pétille au-dessus de leurs tête et apprécie les chants de différentes bestioles qui s'entremêlent dans une mélodie apaisante. « Tu vois, si on avait pas eu cette panne, on serait pas là, en train de se baigner avec personne autour ! » Il laisse ses canines briller. « Avoues que c'est bien plus agréable que d'être en pleine ville, entourés de mecs bourrés ou dans un lit à pioncer ! » Il s'approche d'elle, s'arrête, impose une distance raisonnable, rassurante. « Je suis pas un peu le meilleur conducteur de tous les temps ? » Il a l'égo qui gonfle, le garçon. Il le sait, il se doute qu'une fois le brasier étouffé, une fois les deux corps piégés à l'extérieur de leur refuge, Reese, il subirait probablement les foudres de sa compagne d'infortune.
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