Liv', elle reste assise, au bord de sa fenêtre, la tête pensive. Elle réfléchit la mignonne. Elle se triture le cerveau à chaque affaire qu'on lui donne. Nuits et jours sont devenus les esclaves de son boulot. Elle n'arrête pas d'y penser. Sans cesse. Sans réussir à lâcher prise, à laisser couler l'espace de quelques secondes. Parce qu'on parle de meurtres, de viols, d'agressions. Et Liv', elle arrive pas à dormir à cause de tout ça. Savoir qu'un coupable rode dans les rues, à la recherche d'une prochaine victime. Elle est hantée, la jolie poupée. Hantée par tous ces massacres. Ces images qui capturent ses yeux, donnent une accélération à son myocarde et des envies de vomir. Elle hait le monde dans lequel elle vit. Livia, elle voudrait tant construire le sien. L'embellir. Le rendre meilleur. Juste une fois. Juste pour une nuit...Alors, elle admire les étoiles. Yeux brillants d'innocence. Sourire d'une gamine effacée. Mais très vite, elle retourne à la réalité, la brune. Très vite, elle chute pour retrouver ce monde fébrile. On vient de taper à sa porte. Heure tardive, elle ne sait absolument pas qui peut bien lui rendre visite. Elle se dégage de son donjon, de son échappatoire pour partir en direction de sa porte d'entrée. Avant d'ouvrir, elle regarde à travers cette petite bulle qui est derrière. Qui attend de pied ferme qu'elle ouvre. Et lorsqu'elle le voit, son sourire s'agrandit. Ses lippes s'étirent et elle s'empresse de lui faire face. « On s'ennuyait sans moi ? » Liv', elle retrouve un peu de gaieté avec lui. Ezio. Ensemble, ils oublient. Ensemble, ils papillonnent à travers des dimensions irréelles. Ils capturent des rêves éphémères pour les admirer l'espace d'un instant, avant de souffler et de les faire disparaitre.

La coloc brise en éclat une énième fois. Les injures s'envolent de part et d'autre et les cris féminins se heurtent à tes râles. T'es à bout. Ça fait plus de deux heures qu'elle remue la coloc sans dessus dessous. Et comme par hasard, les autres ont déserté. Les autres ont fui et toi t'es là, au milieu du drame. Alors, forcément, tu gueules aussi. Plus fort que cette foutue énergumène ramenée par ton meilleur pote. Ça fait des mois qu'elle est là. Des mois que l'antre masculine est mis en péril par cette pimbêche. Alors, si habituellement t'envoies valser les choses cette fois-ci, tu t'abstiens. À croire que le tube cancérigène que tu tiens entre tes lèvres canalise ton énervement. La journée a suffisamment été compliquée pour que tu t'abstiennes d'un énième conflit. Et dans une énième injure italienne, tu te barres de là. Tu t'éloignes de cette maudite gamine et de ces caprices. T'as passé l'âge des engueulades interminables. Du moins, c'est ce que tu te dis à cet instant précis. Et vingt minutes plus tard t'es à l'autre bout du monde ; face à l'évasion. Il existe un milliard d'endroits où t'aurais pu te ressourcer. Pourtant, t'es allé là, et pas ailleurs. T'as même pas prévenu, et peut-être même qu'elle ne sera pas là. T'auras erré jusqu'ici pour rien, mais même ça, tu t'en moques. t'as juste envie d'essayer d'entrer au paradis. Et quand elle ouvre enfin la porte, c'est la libération. « On s'ennuyait sans moi ? » , t'esquisses un petit sourire en coin à l'entente de ses dires. Et comme toujours, tu rentres dans l'jeu, votre jeu. « Tu n'imagines même pas. ». D'ailleurs, ce n'est guère un mensonge. T'as besoin d'elle, d'elle pour t'empêcher de remonter sur le ring avant demain. Comme si vos nuits d'ivresses calment la tempête.

  

Liv, elle se sent plus légère tout à coup. Le poids qui avait capturé sa poitrine s'envole, tout doucement. Ezio vient de lui refaire sa soirée. Au lieu de se morfondre sur son sort et celui des autres, elle va pouvoir rêver. S'inventer une nouvelle vie. Admirer les étoiles et les laisser pénétrer dans son esprit. Alors, elle se détend. Elle lâche prise Liv. Ses muscles se décontractent. Son ventre se dénoue, sa gorge dégonfle. Âme sauvée. « J'vois que t'as ramené de jolis bébés. T'as la permission d'entrer, j'suis gentille avoues ! » Liv, elle se décale de quelques centimètres avant de refermer délicatement la porte derrière lui. Elle avance vers sa cuisine, l'euphorie gagnant son myocarde. Elle attrape plusieurs verres qu'elle dispose sur la table basse de son salon. Verres à pied, shooters...Parce qu'après tout, la soirée ne fait que commencer. Les papillons vont bientôt pouvoir utiliser leurs ailes. Activer leur imagination et s'enfuir entre les caresses de rêves plus doux. « J'ai aussi du vin et une merveilleuse bouteille de whisky. Tu veux commencer par quoi ? » qu'elle dit, la voix enjouée. Livia, elle est ravie. Livia, elle est clairement excitée à l'idée d'se lâcher. Mais faut pas qu'elle s'emporte. Faut pas qu'elle perde pied trop rapidement, gamine qui tient pas vraiment l'alcool. C'est meilleur quand c'est lent. Quand c'est délicat et tendre. Comme ils ont l'habitude de faire. Comme elle a appris, depuis tout ce temps. Alors, elle réfléchit la jolie poupée. Elle se demande si ce soir, elle va pouvoir profiter jusqu'à l'éternité. Parce qu'elle le voudrait tant. Rester accrochée à ces mirages qui lui font accélérer le rythme cardiaque. Perdre la raison et vivre dans ce monde idyllique, utopique. « Tu veux peut être un truc à manger à coté ? Histoire de pas finir écrouler en quelques secondes.» Elle parle pour son propre cas la mignonne. C'est jamais agréable de boire de l'alcool le ventre vide. Une fois mais certainement pas deux !

Des sourires échangés et des lèvres qui s'étirent. La mécanique même d'une vulgaire petite routine. Il suffit d'un regard échangé pour que t'envoies valser les moments passés. Ceux qui t'ont mis en rogne, ceux qui s'amusent inlassablement à aguicher ton énervement. C'est éphémère, tu l'sais, et pourtant, là ,à cet instant précis tu te fiches de savoir la fin de ce moment. Tout ce qui t'importe, toi, c'est d'entrer là. De t'approcher d'elle et de ses démons pour laisser l'alcool consumer vos êtres. Une lâche fuite de la réalité. Une fuite qui t'est bénéfique. Parce qu'au fond, si t'étais pas là, si elle ne t'avait pas ouvert sa porte, toi tu serais déjà à l'autre bout de la ville à t'écorcher le corps. Sans le savoir, Liv' c'est ta drogue. Une dose bienfaitrice de compagnie qui t'empêche de bousiller ton corps. Tes hématomes auront un peu de répit. Un petit laps de temps pour disparaître de ton corps. Et quand elle fait allusion aux bouteilles, toi, t'es déjà en train d'entrer au paradis. Un paradis familier, peut-être trop, même. D'ailleurs, tu t'installes déjà, tu prends tes aises sans te soucier d'elle. « Whisky. » tu largues un mot. Un nom dévastateur. T'aurais dû dire "vin", plus doux, plus classe. Au lieu de ça, t'as choisi le pire. L'extrême qui te bousille en quelques verres. Parce que là, t'as besoin de perdre pied, et vite. Plus c'est rapide, plus tes souvenirs s’effriteront en toi. Et toi, t'attends qu'ça. Et en guise d'explication, tu reprends la parole « dure journée. » En réalité, c'est toujours ainsi , ta vie est parsemée de tâches noires. Et toi, tu te meurs dans l'obscurité. Tu sombres, un peu plus à chaque instant. Alors, forcément, tu ne peux t'empêcher de sourire à l'entente de sa dernière petite question. « On s'écroule toujours, liv. Non merci. »

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Livia, elle papillonne des yeux. Ses opales émeraudes se déposent délicatement dans celles du jeune homme. Regard complice. Envies mêlées. Dès qu'ils se voient, il savent. Ils savent c'qui veulent. Dans quel état ils vont être. Et ça leur procure une dose de bien être. C'est même pire que ça. Aucun mot ne peut définir ce qu'ils ressentent. Ils le vivent, tout simplement. Sans gêne, sans honte. Et Liv', elle commence déjà à se sentir partir. La présence d'Ezio est un calmant naturel. Démons partagés, elle se voit à travers lui. Deux papillons qui veulent voyager. S'envoler de ce monde trop chaotique. L'alcool devient leur meilleur allié. Une fuite innocente. Une escapade éphémère. Alors à peine arrivé, les deux utopiens s'embrasent. Whisky. Une réponse brûlante, un choix dévastateur. Les yeux de Livia sont capturés par des millions d'étoiles. Ce doux mot résonne dans son esprit. Il cogne contre les parois de son cerveau pour l'animer. Elle est prête Liv'. Toujours. Et elle s'installe. Confortablement. Elle laisse tomber des coussins sur le sol avant de s'y assoir sans vraiment de grâce. Liv', elle est pas connectée à la délicatesse. C'est pas nouveau. « Alors écroulons-nous ensemble, comme toujours.» Liv, elle carbure. Livia, elle prend les choses en main. Adieu les petits verres, elle passe au grade supérieur. Ses lippes viennent rencontrer la bouteille. Elle laisse couler le liquide ambré le long de sa gorge. Gorge qui brûle. Qui s'anesthésie. Elle sent le trajet du whisky dans son corps. Une sensation agréable qui lui fait lâcher un soupire. « Pourquoi c'est si bon ? » Liv, elle passe doucement sa langue sur ses lèvres. Elle en veut encore, la mignonne. Une fois lancée, elle a du mal à s'arrêter. Myocarde soulagé, esprit plus léger. Alors elle se serre un verre cette fois-ci. Pour apprécier, pour faire languir. Admirer cette couleur chaleureuse qui va l'emmener loin. La faire voyager au travers de milles splendeurs. Et son cerveau, il s'active. Comme si plusieurs ampoules venaient de s'allumer. Guirlandes de Noel chez la belle Weiss. Livia, elle se lève pour aller chercher un marqueur puis revient le pas sautillant avant de s'écrouler aux cotés d'Ezio. « J'ai l'âme d'une tatoueuse ce soir ! » Liv, elle suit les contours des tatouages du jeune homme sur son bras nu. Ses doigts glissent délicatement sur sa peau chaude, un sourire innocent animant son visage de poupon. « Tu me laisses faire ? Promis c'est pas un indélébile..» Parce qu'elle sait Liv. Ezio va devoir retourner sur le ring demain et arriver avec un tatouage version malabar, c'est pas vraiment l'extase. Mais Livia, elle sait dessiner. Livia, elle a l'imagination. Beaucoup d'imagination.

L'évocation seule de l'alcool a sut réveiller tes sens. Il a suffi d'un mot, d'un vulgaire petit mot à deux syllabes pour que ton corps trépigne d'impatience. À croire que les moments passés demeurent figer en ton esprit. Les cuites d'hier sont celles d'aujourd'hui, et en toi sommeille d'affriolants souvenirs. Ceux dont les cadavres de bouteille gisent encore à quelques mètres. L'indéniable preuve d'une routine ubique. Des soirées similaires aux dénouements insoupçonnés. Ni elle, ni toi ne peut établir une fin. Il n'y en a jamais. Toi et elle êtes pris dans un engrenage sans fin. Une routine dévastatrice dont l'emprise est indomptable. Elle vous retient, si intensément que vos sens jubilent d'impatience à l'unique vue des bouteilles. Là, posées face à vous, elles vous narguent. Elles utilisent habilement leur charme dans l'espoir de vous attirer dans leur filet. Un habile petit piège, le même que celui de la dernière fois. Et t'as beau reconnaître la supercherie, t'y vas. Tes doigts viennent à lui. Un Whisky familier dont la substance fait saliver tes papilles. Tu plonges tête la première dans un gouffre sans fin. Et, en toi coule le liquide. Saveur dévastatrice à la chute vertigineuse. Elle dégringole en toi avant de s'immiscer dans les moindres recoins de ton être. Vicieuse substance qui fait pétiller tes prunelles. L'impétuosité de l'ivresse survient alors tandis que des mots s'échappent des lèvres rosées de Liv'. Elle souffle des remarques familières, des choses déjà dites que t'écoute à peine. Pourtant, quand ses doigts viennent à la recherche de la bouteille, toi, t'es déjà entrain de la ramener vers toi. Un acte mécanique, un mouvement destiné à mettre en attente l'ébriété de Liv'. Elle a assez bu, suffisamment en quelques minutes pour s'abstenir d'une énième gorgée. D'ailleurs, t'es presque certains qu'elle ne sera pas apte à comprendre ce geste. Elle changera d'idée, se tournera subitement vers une autre occupation. Tu la connais la Liv'. Et alors que ton âme part à la dérive ses fins doigts viennent à s'égarer contre ta peau. Un sursaut, une incompréhension soudaine et ton corps qui se fige. Toi, t'es plus vraiment habitué à cela. Bien au contraire, tu fuis tout contact. Il n'y a qu'@Andréa Vincenzo qui est autorisée à faire cela. Et encore, uniquement en privé, loin des regards indiscrets. Loin de ceux qui te prennent pour un fauve. Alors, intérieurement, c'est l'bordel. Parce que là, entre l'impulsivité et l'alcool, t'es prêt à exploser. Prêt à envoyer valser ses doigts et ce foutu contact établi entre vous. Un corps figé et des muscles contractés, tu devrais te barrer, là, maintenant. Pourtant, tu ne bouges pas. Seuls tes doigts viennent s'emparer violemment de son poignet pour empêcher ce contact de continuer. « Arrête ça, Liv'. »

Et Livia, elle, elle s'explique, pleine de rêveries. Peut-être même qu'elle, elle n'a pas remarqué ce léger mouvement de recul. Peut-être qu'elle, elle ne sait pas réellement rendu compte de la soudaine tension. Et à ton grand étonnement, tu largues un mot. « D'accord. » D'accord pour réaliser son souhait, d'accord pour qu'un crayon frôle ta peau. Un crayon, un vulgaire outil, et non ses fins doigts.« D'accord pour le marqueur, pas tes doigts.  »

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L'alcool qui prend possession de chaque partie de son corps. Les sensations qui deviennent plus légères. L'euphorie qui gagne son myocarde écorché. Livia, elle commence déjà à être transportée. Livia, elle est déjà sur le trajet de l'utopie, des rêves doux et éphémères. Les sens en éveil, l'agonie de l'esprit qui en redemande. Elle pourrait continuer, ne plus s'arrêter. Mais Ezio, il conserve la bouteille contre lui. Et Liv', elle est déjà trop loin pour comprendre cet acte. Alors elle part, la jolie poupée. Elle s'en va pour revenir avec des étoiles dans les yeux. Des étincelles qui jaillissent de son regard émeraude. Marqueur en main, elle est prête la Weiss. Prête à entrer dans leur monde. Et elle se lance. Sans se soucier du reste. Sans penser à son partenaire, à sa réaction. Parce que Livia, elle est comme ça. Innocente et certainement naïve. Elle pense pas à mal la douce. Elle pense plus vraiment. Elle se laisse naviguer tranquillement, sans forcer, sans décider. Âme apaisée, coeur léger. Et elle remarque rien la mignonne. Les muscles qui se contractent. Le mouvement de recul. Aveuglée, c'est tout ce qu'elle est. Alors quand il lui attrape violemment le poignet, Livia, elle comprend pas. Jamais. Mais après les paroles prononcées, son visage s'illumine. « Tu sais c'est juste des doigts...» Ses lippes se plissent comme une gamine qu'on vient d'engueuler. Livia la fautive. Livia qui a fait une bêtise. Et quand il lui donne le feu vert avec une règle, la jolie poupée elle obéit. « Chef oui, chef..» Et comme pour accentuer ses dires, Livia, elle plaque l'une de ses mains derrière son dos pour éviter de déposer ses doigts sur sa peau. Elle approche doucement le marqueur pour commencer. Plus compliqué, moins minutieux. Livia, elle fronce les sourcils, mordille sa lèvre inférieure. Concentrée, elle essaie de l'être. « S'il est moche ce sera de ta faute..» Elle tente de détendre l'atmosphère en le narguant. Essayer de le chercher pour entendre peut être son rire qu'elle imagine rauque et agréable. Comme une mélodie qu'on voudrait écouter sans arrêter. Bercer par ce rythme, voyager entre les plus beaux sons. Et après plusieurs tentatives, une moue anime le visage du poupon. Son dessin est crédible, assez bien tracé mais pas vraiment parfait. « C'est nul, ça mérite un verre pour fêter ça.» Livia, elle trouve n'importe quelle occasion pour boire. Seule, accompagnée, rien ne change vraiment. Ses démons sont bien présents. Là, dans son corps. Sa chair, son sang. Ils coulent à l'intérieur. Elle les sent sur son dos, sur sa peau. Comme s'ils étaient devenus son ombre. Un parfum trop pulvérisé. Alors cette fois-ci, elle prend la bouteille de Whisky des mains d'Ezio. Sans attendre, sans réfléchir. Et en quelques secondes, le liquide ambré coule pour la seconde fois dans sa gorge. Il anesthésie tout sur son passage. Brute, violent. Il ne se soucie de rien, il fonce. Un torrent sauvage, une tornade dévastatrice. Et Liv', elle ferme les yeux pour apprécier cette agréable sensation, oubliant l'instant présent.

Sensation inconnue qui perturbe tes sens. Ses doigts ont déjà délaissé ta peau, et pourtant, toi, tu ressens encore la douceur de ceux-ci. Une délicatesse insoupçonnée qui a sut réveiller tes sens. Ceux, délaissés dans l'ombre. Ceux, que chaque recoin de ton être vient à maudire. Alors, forcément, lorsque ses fins doigts t'offrent un échantillon du passé, une douceur familière reniée, toi, intérieurement tu perds pied. En toi, tout s'emmêle, tout s'enchaîne. Si violemment que tes impressions semblent soudainement s'amplifier. L'ébriété se mêle aux ressentis. Elle les accentue, les provoque, jusqu'à ce que ton être fulmine de l'intérieur. Les sens en éveillent, tu relâches sa main. Une infime résolution avant le drame. Un acte censée face à l'innocence même de Liv'. D'elle, de celle qui ignore encore qu'un simple et anodin contact n'est guère appréciable. Toi qui enchaînes les coups, ceux qui peuvent t'achever en un instant, tu crains un vulgaire contact physique. Une jolie ironie, une de celle que tu n'avoueras probablement jamais. Les contacts physiques sont le commencement même des soucis. Toi, tu l'sais. Tu l'associes sans la moindre difficulté à un rapprochement. Un de ceux qui peuvent conduire aux problèmes. Alors, au lieu de suivre l'exemple de ton aîné, @Milo Vincenzo , toi, tu préfères t'abstenir de ça. Et même si Liv ne semble pas comprendre cette soudaine réaction, elle obéit, elle se plie à tes exigences.

Mine qui glisse. Un tracé discontinu qui s'arrête un instant avant de reprendre sa route. Le crayon se faufile habilement sur ta peau, et toi, tu ressens encore cette foutue douceur. De vieilles sensations qui avaient disparu. Alors, tu prends sur toi, t'expire un instant et puis tu reprends un verre. Des gorgées bienfaitrices qui te transporteront ailleurs. Loin de ça, loin de la douceur de ses doigts. « Ne me rends pas responsable de ton manque de talent en dessin, Liv'. » tu lâches ça entre deux gorgées. Une vulgaire et anodine petite taquinerie qui laisse transparaître un vague sourire sur tes lèvres. Évidemment tu la provoques, tu joues des mots et des situations pour enquiquiner la jolie-brune. Et souvent, ça fonctionne. Liv, elle, elle continue. Concentrée, t'observe attentivement chacune des mimiques qui vient s'immiscer sur son visage. A en voir celle-ci, le dessin est loin d'être parfait.  « T'es plus douée pour enchaîner les verres que pour réaliser une oeuvre d'art. »  Un regard échangé , et puis un vague rictus s'échappe entre tes lèvres. Le son inconnu d'un soupçon d'amusement. L'éphémérité de l'instant est si fébrile qu'on pourrait croire à un vulgaire petit mirage. Et quand ses doigts s'emparent de la bouteille, t'échange les rôles.

L'âme consumée par l'alcool, Liv' ne se rends probablement pas compte qu'une mine de marqueur glisse sur sa peau.

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Livia, elle se laisse être consumée par l'alcool. Ardent. Torride. Il la fait danser au travers de sensations agréables. Liv', elle est déconnectée de la réalité. Son esprit est ailleurs, envolé. Il surplombe d'autres univers. Des univers enchantés, étoilés. Ceux qui pourraient lui redonner du baume au coeur. Un soupçon de gaité. Parce que Livia, elle est brisée. Pauvre ange dont les ailes ont été coupées sans délicatesse. Et elle a dégringolé la mignonne. Une chute inévitable. Douloureuse et effrayante. Depuis ce jour, elle survit la jeune Weiss. Elle tente de maintenir un semblant de vie. Un semblant d'euphorie dans son existence chaotique. Mais elle a réussi à trouver l'échappatoire. Celui qui la fait monter au 7ème ciel. Qui lui permet de ne plus penser tout en la rendant dépendante. Foutu alcool. Démon pervers. Et ça lui plait à Livia, son issu de secours. Comme ce soir, partagé avec lui. Son co-équipier des misères. Son partenaire des maux silencieux. Ensemble, ils s'éloignent. Ils imaginent un monde plus beau, plus innocent. Comme quand ils étaient gamins, les yeux arrondis face à la vie. Mais ils ont grandis ces pauvres idiots. Impossible de faire marche arrière. De perdre en années. Alors ils s'y obligent. Ils se damnent un peu plus chaque jour pour s'envoler. S'émerveiller jusqu'à en avoir le coeur plus léger, comblé. Et Liv', elle se lance la première. Âme frivole, tournoyant dans les abysses de l'alcool. Elle se tente à une nouvelle expérience. Tatoueuse. Exprimer à travers un dessin. Parler en animant des tracés. Donner vie à un sentiment sur la peau. Une chose qu'elle connait bien. Gamine parsemée de milles peintures dans son coeur, dans son esprit. Et elle ne voit toujours rien Livia. Ezio tendu. Ezio crispé. Tout ça c'est dans le vent de l'oubli, l'alcool la rendant aveugle. Mais quand elle a fini, Liv' elle est déçue. Son minois grimace, son coeur s'balance. « Figures toi que je suis la fille cachée de Picasso. Tu peux pas comprendre mon art..» Et son rire s'échappe d'entre ses lippes. Frais. Léger. Elle est ailleurs Livia. Son corps l'abandonne, son esprit se relâche. Elle est ailleurs et elle compte y rester. « Disons que j'm'entraine souvent pour les verres. J'ai un partenaire pour ça.» La bouteille de Whisky glisse entre ses doigts. Elle la maintient comme si elle était devenue sa bouée. Son pilier lui permettant d'aller bien. De pouvoir rêver. Et elle comble son manque en faisant couler le liquide. En donnant à son corps ce qu'il désire. L'alcool attise sa perdition. Livia, elle se rend pas compte. Ezio et le marqueur sur sa peau. Son cerveau s'illumine simplement lorsque les doigts du jeune homme viennent se déposer sur elle. Des petites boules se dessinent, exprimant un long frisson qui capture son corps. Elle n'a plus l'habitude Liv'. Et au fond, elle trouve ça agréable. Alors quand il s'arrête, son coeur rate un battement. Son nuage s'estompe. Retour à la réalité. « T'as essayé de dessiner quoi ? C'est pas net pour moi..» Les yeux de Liv' s'activent. Ils tentent d'analyser, de comprendre. Échec cuisant. Sa vision lui fait défaut, terminé. L'alcool monte et prend possession de son corps. Petit à petit. Etape par étape.

Les essences alcoolisées te font chavirer. Le visage légèrement incliné sur le côté, toute ton attention est à présent rivée sur cette mine noire. T'observes les courbes, celles que t'égares ici et là dans l'espoir de reproduire tes pensées. T'égares sur elle des tâches d'encres noires, quelques traits discontinus qui décorent son corps. T'es loin d'être un artiste, pourtant, à cet instant précis t'es tellement obnubilé par cette soudaine occupation que t'en oublie tout. T'es juste là, à quelques centimètres de sa peau , à frôler celle-ci d'une mine noire. Tu répands sur elle une traînée de lignes. Quelques ronds, dont la symétrie quasi-parfaite te surprend. À croire que l'alcool réalise sans la moindre difficulté tes propres pensées. La représentation même d'un paradoxe. toi, qui aimes les choses concrètes, qui vis les pieds sur terre, t'en viens à dessiner sur elle l'espace. Un endroit qui t'est inaccessible. Un endroit qui correspond parfaitement à ce que vous vivez, vous. Une bulle à l'écart du monde, un endroit insaisissable dont l'éloignement vous propulse jusqu'au firmament. Deux petites planètes aux allures divergentes, deux petits ronds et une traînée d'étoiles. Ça, ce n'est pas vraiment l'Ezio que tu connais. Celui qui aurait écrit un vulgaire mot " chaos" , " néant" , "merde" , un truc insignifiant avant d'envoyer valser le crayon. Et quand Liv' demande ce que cela représente, toi, tu te contentes vulgairement de hausser tes épaules. « tu regarderas demain. » dans quelques heures, quand elle retrouvera la sobriété. Quand t'aura disparu. Alors, elle comprendra, peut-être. Puis même si elle ne reconnaît rien, si les courbes disparaissent d'ici là, alors ça n'aura été qu'un rêve. Une jolie illusion.

Tes doigts relâchent le crayon. Un saut dans le vide et ton corps qui s'éloigne du sien. Le début de la fin.

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Elle tangue la mignonne. Comme un bâteau qui tente de naviguer sur une eau agitée. Liv, elle sent son coeur faire des siennes. Il s'balance l'idiot. Dans sa poitrine c'est une symphonie qui éclate. Un rythme endiablé qui essaie de maintenir le cap. Mais la jolie poupée, elle commence à abandonner. Elle lâche prise et se laisse être capturée par tous ses démons. L'alcool se fait un malin plaisir à la posséder. L'envelopper entre ses doux bras enivrants. Elle est envoutée la brune. Alors quand Ez' dessine sur sa peau, les sensations sont multipliées. Il la frôle, la remplie de tracés noirs et Liv', elle succombe. Délicat, doux, agréable. Des mots en oxymore avec l'Ezio qu'elle connait. L'homme brut, celui qui préfère un vulgaire mot à une douce rime. Et pourtant, il est en train de voyager à son tour. Epris par les effets de l'alcool, il se balade dans un autre univers. Un univers qu'il exprime sur la peau de la jeune Weiss. Et quand il termine, la jolie poupée, elle veut savoir ce qu'il a fait. Elle veut admirer. Son doux rêve qu'il a laissé sortir. Son utopie éphémère qui est venue le capturer l'espace de quelques instants. Livia, elle est impatiente. Alors elle lui demande mais sa réponse ne lui convient pas. Elle veut en faire partie. Le partager avec lui. « Continues de boire, t'es pas assez marrant..» Liv', elle lui lance des pics. Toujours. Constamment. Parce qu'elle en a besoin. Elle veut le faire réagir. Le voir s'éloigner comme elle est en train de le faire. Et pour l'y aider, elle se lève. Elle part vers l'un de ses miroirs pour observer les tracés du jeune homme. Malgré sa vision floue, la netteté du dessin est captivante. Livia, elle est surprise. Elle est admirative. Ezio, il est en contradiction avec le monde. Comme elle. Alors une idée lui traverse l'esprit. Une nouvelle. Et elle ne tarde pas avant de l'exécuter. « Toi, tu vas me suivre..» Liv', elle le pointe du doigt avant de s'approcher. En un mouvement rapide, elle attrape la main libre du jeune homme. L'autre étant prise par le whisky. Elle ne se rend pas compte de son acte la mignonne. Elle agit sans réfléchir. Sans penser. Sa main s'est enlacée à celle d'Ezio. Seulement la sienne. Lui, elle est droite. Elle est tendue comme si ses muscles jouaient un concert. Et elle le mène dans son endroit. Dans sa bulle. Là où elle tente de s'échapper parfois. Là où elle essaie de rêver sans alcool. Liv', elle habite le dernier étage. L'accès au toit est bien plus facile. Et elle en profite, autant qu'elle le peut. « C'est pas grand chose mais j'aime bien venir m'y perdre. Oublier..» Livia, elle lâche subitement la main du jeune homme. Un vide s'y engouffre. Une sensation froide capture l'espace. L'étreinte lui avait rappelé combien il était agréable de tenir une main. Cette chaleur soudaine. Apaisante, douce. Mais elle chasse ces pensées pour continuer de rêver avec lui. Liv', elle s'approche de son petit nid douillet. Celui qu'elle a confectionné il y a quelques temps maintenant. S'allonger pour admirer les étoiles. Observer pour être emprisonné à travers un ciel éblouissant. « Viens. Installes toi..» qu'elle dit d'une voix douce, comme un murmure au creux de l'oreille. Comme un souffle déjà partie dans cette galaxie lointaine.

Moment privilégié entre deux âmes en peine. Deux corps à la dérive dont l'esprit se meurt à chaque instant. Il n'y a que l'alcool qui perdure en vos êtres ; une substance familière qui irrigue vos corps. Alors, forcément, quand elle s'emballe à deux pas de toi. Toi, tu ne le vois même pas. Ton esprit n'assimile guère sa parole et le contenu même de celle-ci. Toi, tu remarques juste l'agitation, ses prunelles qui pétillent et son corps qui se ré-hausse. Un pantin désarticulé se relève subitement sous tes yeux. Et quand elle embarque ta main, toi, tu vacilles. Tellement, que t'en perds pied. Les perceptions divergent, partent à la volée alors que son corps entraîne le tien vers l'inconnu. Le néant n'est peut-être pas loin. Et au lieu de te soucier de l'endroit vers lequel elle se dirige, toi, tu ne penses qu'à ce contact physique. Trop de proximité, trop de contact pour que ton esprit puisse s'en dégager. Insouciante qu'elle est, elle, elle s'est soudainement appropriée une partie de toi. Et infime soit-elle l'effet est déconcertant. Déconcertant pour un homme tel que tu es. Pour toi qui fuis inlassablement le moindre contact. Par instinct, tes doigts tentent vainement de s'extirper de son emprise. Une délicate fuite vouée à l'échec. Condamné à elle, à ce contact forcé et à toutes les pensées qui s'ensuivent. En toi, vient subitement s'immiscer un chaos. Le chaos intérieur d'un vulgaire pantin désarticulé. Et avant même qu'un râle ne s'échappe de tes lèvres sa main s'éclipse de la tienne. Un vulgaire abandon. La représentation parfaite d'une chose qui t'est entièrement familière. Et sans même laisser ses mots doux apaiser tes maux, toi, tu t'éloignes d'elle. « Faut que j'y aille, Liv'. » Le paradoxe même. La brutalité d'une phrase face à la beauté de l'endroit. Beauté que toi, perdu dans tes pensées tu n'as même pas remarqué. Toi, t'es figé dans l'instant passé dans celui qu'à réveiller la demoiselle. Alors, t'envoies valser l'instant, tu brises le moment sans penser aux conséquences.

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Elle a rien vu venir la mignonne. Perchée dans son rêve, doux et agréable. Elle a pas compris Liv'. Naïve, déconnectée, elle a laissé son corps parler. Livia, elle n'a plus vraiment de contrôle sur elle même. L'alcool agit à sa place. Liv, elle, elle est restée accrochée à son utopie. A son univers éphémère. Elle s'est laissée être guidée, baissant les gardes, devenant plus intime. Mains enlacées, la sienne s'est adoucie face à ce contact devenu rare. Mais Ezio, ce fut bien l'inverse. Une oxymore s'est créée entre eux. La tendre et la brute. Un contraste invisible aux yeux de la jeune Weiss. Elle pensait pas à mal. Jamais. Alors elle a poursuivi son envol. Elle a mené son partenaire dans un endroit qu'elle apprécie. Elle a voulu le partager avec lui. S'ouvrir sans se faire blesser. Sans ressentir cette douleur poignante qui capture le myocarde. Mais elle a chuté la pauvre poupée. Prise au dépourvu, Livia n'a pas compris les paroles d'Ezio. « Faut que j'y aille, Liv'. » Des mots qui percutent son esprit, résonnent dans sa tête. Elle cligne à plusieurs reprises des paupières Liv'. Elle a l'impression de s'enfoncer dans un mauvais rêve. Et c'est pas ça, leur délire. Non. Pourtant, elle se fracasse contre une dure réalité. Ezio veut partir. Déjà. Maintenant. Ses lippes se plissent et Livia, elle essaie de comprendre. Mais à quoi bon, ses neurones s'activent dans n'importe quel sens. Inutile. Echec cuisant. Alors elle ne dit rien, la mignonne. Elle hausse juste des épaules avant de détourner le regard pour se consoler avec des êtres éternels. Des êtres devenus ses meilleurs amis. Les étoiles.