Sujet: la colombe et le corbeau (avalon) Lun 21 Aoû - 0:49
la colombe et le corbeau.
Il s’est perdu, le garçon. Il erre et déambule dans les rues, il observe les âmes qui le frôlent, détaille les visages en espérant y trouver quelque chose de familier, de rassurant, l’inconnu. Les maisons se dessinent, les villas s’agglutinent, les appartements s’entassent. Il tient fermement le petit gobelet qui lui brûle la main. Il serre ses doigts autour de ce carton où s’agite une exquise boisson. Il y tient, Reese, à son chocolat chaud, il s’y accroche, il prend garde aux corps un peu trop imposants, les gestes brusques, les mouvements violents. Il tangue à l’intérieur de sa prison cylindrique, flaque bouillantes et réconfortantes, dangereuse et délicieuse. Il porte le petit bec en plastique à ses lèvres et étanche sa soif d’une lichée encore chaude. Il avance, le claquement de ses semelles sur le bitume sonne et résonne contre les murs des foyers. Sa carcasse se déplace entre les allées, tourne, se retourne, quelques pas de plus, quelques mètres en plus. Il n’a pas de but précis, le gamin, il suit une ligne en constante évolution, il change de trottoir parfois, de rue souvent. De doux rayons glissent sur sa peau, lui caressent le visage, agréable chaleur d’une journée d’été. Reese, il aime flâner, se traîner d’un bout à l’autre de la ville, ignorer les frontières et les interdits, frôler du bout des doigts une liberté sans limites. Alors, il se laisse porter par le vent, bercer par le brouhaha ambiant, le vrombissement des voitures qui se mêle aux gazouillements des oiseaux. C’est agréable, de se sentir hors du monde, hors de tout. Le garçon, il prend son temps, enchaine les pas lentement, il détaille les arbres qui se secouent sous une douce brise, les fleurs qui se dressent hors de terre pour attraper quelques rayons, parfait portrait d’un journée idyllique. Et il ne l’a pas vu arrivée. Et il l’a percutée. Corps frêle perché sur deux petites jambes. Son précieux gobelet qui se plie sous l’impact et l’opercule qui se déloge, l’exquise boisson s’échappe soudainement pour venir mourir sur son détenteur. Il recule brusquement, le garçon, la gueule décomposée, ses fringues exhalant une douce odeur de cacao. L’œil noir, flamboyant, il pose son regard sur la responsable de ses maux. Les traits lui sont familiers. Il soupire, se mord la lèvre inférieure. « Putain mais tu peux pas faire gaffe, te mets pas au milieu du chemin comme ça ! » Il est cru. Rude. Il crache sur elle comme une vipère laisserait son venin se répandre. « Merde, c’est pas possible ! » Il broie le carton entre ses doigts. « À chaque fois que j'te croise il m'arrive un truc, tu portes la poisse, évite les gens putain. » Il s'arrête presque instantanément. Il inspire. Il le sait, il le sait qu'il est allé un peu trop loin, que les mots lui ont échappés, propos offensants, destructeurs.
Avalon Oswalds
membre □ Suddenly, staring at nothing, I see it. All is gradual.
Sujet: Re: la colombe et le corbeau (avalon) Mar 29 Aoû - 17:43
La colombe et le corbeau
Avalon & Reese
Parfois, les choses sont inévitables. Le hasard fait à sa tête. Il s'arrange comme il le désire et nous fait ainsi la vie dure par moment. T'as eu un lot de problèmes durant ta vie, mais tu ne pensais pas que cette journée allait être ce qu'elle deviendrait. Parfois, tu aimerais pouvoir lire l'avenir afin de voir les choses arriver et éviter d'être blessée, de sentir cette sensation de poignard dans ton coeur. Tu aimerais les éviter pour toujours, ces mauvaises sensations. T'as pas vraiment de projets précis pour la journée. Tu as laissée tes pas te guider un par un dans les rues. Tu arpentes les ruelles. Tu croises les gens. Tes cheveux virevoltent doucement au vent alors que tu inspires l'air. Elle pénètre dans tes poumons. Elle est si douce, comme une caresse de l'intérieur qui te fait sentir si légère. Soudain, comme si tout n'était destiné qu'à s'éteindre, de se teinter d'un noir charbon... Cette lumière qui annonçait une belle journée s'évanouit promptement.
Tu n'as pas tout de suite vu l'homme qui s'avançait vers toi et tu ne l'avais certainement pas entendu puisque tu ne portais pas tes appareils. La collision fut inévitable. Vos deux corps entrèrent l'un contre l'autre plutôt brutalement, manquant presque de te faire tomber au sol. Tu t'es rattrapée de justesse, mais non sans avoir sursautée au contact d'un liquide. T'étais pas certaine de ce que c'était d'ailleurs. Tu lèves le regard pour voir le malheureux. Ses traits se déforment lentement, comme s'il prenait enfin conscience de la dure réalité. Tu reconnais Rheese, le jeune homme que t'a sauvé dans l'ascenceur une fois. Tu sais qu'il est pas mauvais au fond, ce mec... Mais il se cache derrière un masque, celui de l'orgueil et du sarcasme. La pluie acerbe qu'il te sert fait en sorte que ton coeur martèle ta poitrine. Cela te fit mal. Beaucoup même. Tu ne pouvais pas détourner le regard puisqu'il continuait à parler et que tu devais lire sur ses lèvres toutes les saloperies qu'il osait te balancer au visage.
Ces dernières paroles viennent fendre ton coeur en deux et les larmes, qui menaçaient déjà de s'étendre sur tes pauvres joues rosées, s'étalèrent, n'étant plus capable de rester en place. Ta lèvre inférieure tremble de peine et de chagrin. Tu as la poitrine lourde. Tu le sens. Tu pensais pas que quelqu'un que tu pensais être un ami, pouvait se retourner ainsi contre toi et être aussi méchant. Les mots, des fois, c'est aussi puissant que recevoir un véritable coup de poignard dans l'estomac. Tes mains, tremblantes, cherchent un petit porte-monnaie que tu trouves dans ta poche arrière. Tu viens à en ressortir quelques billets avant de le remettre à sa place. Tu t'avances de deux pas, juste assez pour être à sa portée. Tu viens prendre l'une de ses mains où il peut très bien sentir tes pauvres tremblements. Tu viens déposer l'argent dans sa main où tu refermes ensuite les doigts sur les billets. - Pour ton café, et tes fringues... Tu recules calmement alors que ton regard est peiné par ses propos. - J'te croyais pas comme ça, Reese. Si tu savais comment les mots peuvent détruire quelqu'un, surtout si la personne n'est que sur une pauvre ligne mince, comme un funambule.
Tu secoues doucement la tête alors que les larmes continuent de ruisseler sur tes joues davantage rosies par cette pluie de larmes. - Au revoir, ou Adieux, Reese. T'avais plus envie de le revoir. Pourquoi avais-tu dit Adieux en même temps que les mots Au Revoir? Cela pouvait avoir des sous-entendus, ou une vérité. T'avais plus envie d'entendre ces propos méchants et diffamatoires. Tu voulais seulement partir. Toi qui avait déjà une santé mentale fragile à cause de tes problèmes et de ta vie en générale, il fallait qu'il tombe ainsi. Tu fais volteface et tu te mets littéralement à courir sur tes pauvres petites jambes afin de fuir le lieu. T'avais seulement envie de rentrer chez toi. Voudrais-tu mettre fin à tes souffrances pour toujours? Ne plus à avoir à supporter de telles choses à l'avenir de ceux que tu pensais être tes amis? Saurais-tu faire face à ces genres d'évènements à nouveau? C'est le coeur lourd que tu cours, essayant de rattraper ta villa au plus vite.
Sujet: Re: la colombe et le corbeau (avalon) Ven 1 Sep - 1:37
la colombe et le corbeau.
Serpent qui se faufile entre les fourrés, peste, crache et ne mord qu'une fois découvert, Reese, il ne se rend pas vraiment compte des mots qui peuvent lui échapper. Des propos qui heurtent et détruisent, de minuscules poignards lancés avec force qui lacèrent les âmes les plus fragiles, laissent des traces, des cicatrices qui jamais ne s'estomperont. Il n'a pas vu sa silhouette se mouvoir sous ses yeux, son ombre glisser et danser sur le bitume au rythme de ses pas. Il n'a senti qu'un corps se mélanger au sien, sa peau effleurer la sienne et, au milieu de cet entremêlement de carcasses, une boisson encore fumante qui tâche, qui brûle, qui énerve. Sa langue qui claque sur son palais, les mots qui sifflent entre ses dents, il les lance avec haine, cancer qui ronge le monde et les coeurs depuis bien trop longtemps maintenant. Il n'y a pas de fautif si ce n'est le hasard. Mais le gamin ne le voit pas de cet oeil. Il brûle, il bout, il laisse baver toute cette colère, cette frustration qui régit ses actes et ses mots. Comme si cette silhouette féminine plantée devant lui se trouve être la responsable des maux de l'univers entier, il s'acharne, répand son venin, la réduit en lambeaux. Mais elle n’est rien, la gamine, elle n’est qu’un grain de sable qui vole et virevolte au milieu d’un millier d’autres, ils se frottent, s’effleurent, se percutent parfois, tracent leur chemin dans cet infini désert. Il aurait pu, Reese, s’écarter de quelques centimètres, se contenter d’un regard, d’une grimace, avant de raser les murs sans que sa voix ne s’éclate sur son interlocutrice, sans que ces poignards ne se perdent et lacèrent l’innocente jeune femme. Instinct de survie, instinct de merde, ses crocs ont scintillés, l’écho de ses grognements s’est entremêlé au gazouillement des oiseaux pour transpercer leur douce chanson. Et elle s’agite devant ses deux pupilles pétillantes. Et elle reste silencieuse, la colombe. Ses maigres doigts s’enroulent autour d’un billet qu’elle tire de son porte-monnaie. Elle s’approche, lui glisse dans le creux de la main avant de laisser échapper quelques mots qui se perdent à l’oreille du garçon. Sa mâchoire se desserre lentement. Il les voit, Reese, il les voit courir sur les joues de son interlocutrice, elles redessinent les traits de son visage, roulent, s’emmêlent et viennent mourir sur le sol. Sa voix ne résonne plus, à présent, seul le claquement des semelles de la jeune femme sur le bitume court sur les murs des maisons parfaitement alignées avant de s’estomper jusqu’à totalement disparaître. Il soupire, le gamin, enfonce le précieux morceau de papier dans une de ses poches arrière et laisse son regard sur perdre aux alentours. C’est vide. C’est triste. Les quelques larmes qui s’étaient écrasées au sol ne sont plus. Les rayons chauds et fourbes de cette sphère flamboyante qui brûle et scintille les ont effacés en quelques secondes à peine. Elle n’existe plus, la jeune femme, son corps s’est engouffré quelque part, peut-être chez elle, peut-être pas, peut-être était-elle de l’autre côté de la rue, juste là, à attendre. Il ne sait pas, Reese, et ça l’énerve, ça le démange, ses jambes tremblent, n’attendent qu’un signe pour avaler les kilomètres qui la séparent d’elle. Quelques pas. Quelques mètres en moins. Il s’arrête, hésite un instant, s’accroupit devant un parterre de fleurs soigneusement triées par couleurs qui décors et dessinent les contours d’un jardin parfaitement entretenu. Ses doigts se resserrent sur une, deux, dix petites plantes colorées qu’il arrache sans gêne. Et il se met à courir. Et il se met à la chercher, son médiocre bouquet volé qui tangue au rythme de ses pas. Elle lui semble si loin, si proche, à ses côtés, à l’autre bout de la terre, il galère, il rame, le prix à payer pour quelques mots lancés comme de minuscules petites bombes. Sa chevelure danse au loin, il sourit bêtement, s’arrête un instant. Il sait pas, Reese, comment se rattraper, s’excuser. Il improvise, il fonce dans le tas, advienne que pourra. La paume de sa main effleure l’épaule de la jeune femme. Son corps, comme un rempart, lui fait face, à présent. C’est là, quelque part, bloqué, retenu par son ego, poussé par les regrets. « C’était pas mon intention. » Ses doigts s’emmêlent dans sa crinière brune tandis qu’il cherche désespérément ses mots. « Je veux dire, de te faire du mal. » Il rame, le garçon. Il attrape le précieux billet qui dormait dans sa poche, lui déposant délicatement entre les mains, y glissant par la même occasion, les quelques fleurs aux racines apparentes. « Je sais pas si t’aimes les fleurs, mais je crois que c’est ce qu’on offre quand on veut s’excuser. » Il soupire, ses lèvres ses tordent en un sourire amer. « C’est juste que, je réfléchis pas à ce que je dis, j’agis avec impulsivité, je suis comme ça. » Ses paumes glissent sur son visage, son regard file à gauche, à droite. « Je suis désolé, Avalon. » Quatre mots. Un peu de bonne volonté. Il en est pas mort, finalement, le garçon.