bad dayFeels like I've been buried yet I'm still alive, It's like a bad day that never ends. I feel the chaos around me, A thing I don't try to deny. I'd better learn to accept that There are things in my life I can't control.Edgar et ChrisT’as jamais été doué pour donner ta parole et t’y tenir. Sans doute parce que t’as un peu trop tendance à faire passer ta petite personne avant les autres et que tu recules devant le moindre obstacle. Mais s’il y a bien une promesse que tu t’es toujours efforcé de tenir, c’est celle que tu as faite à ta femme avant qu’elle meure. « Promets-moi que tu seras heureux, » qu’elle t’a demandé. Et t’as promis. Sauf que c’est plus facile à dire qu’à faire. Y’a pas de manuel, pas d’indications, pas de chemin miraculeux menant au bonheur. C’est un combat de tous les jours. Un combat contre les adversités de la vie mais surtout contre tes propres démons qui ont pour noms peur, défaitisme, remords, fainéantise. Et alcool, également, il ne faudrait pas l’oublier.
Aujourd’hui, tu as perdu ce combat. Lamentablement. Serrant contre toi une bouteille de whisky aux trois-quarts vides, tu gis de tout ton long sur un banc du parc. Un bras calé sous la tête en guise d'oreiller, tu regardes les étoiles. Bientôt, le ciel commencera à s’éclaircir, mais pour l'instant les ténèbres règnent encore. En attendant, le spectacle que tu offres, bien qu'il n'y aie personne pour le voir, est pitoyable. Tu a plus l'allure d'un clochard que celle d'un illustre auteur. Tu te justifie en te disant qu'après tout, ce n'est pas ta faute si le bar où tu as passé la soirée a fini par fermer, te forçant à chercher refuge ailleurs. Et puis, au mois de septembre, les nuits sont douces à Oro Valley - à moins que ce ne soit l'alcool qui circule dans ton sang qui t'empêche de ressentir la morsure du froid. Mais tu peux te trouver autant d'excuses que tu veux, la vérité, c'est que tu t'es trompé de chemin pour rentrer chez toi parce que t'étais trop bourré pour faire la différence entre ta gauche et ta droite. Rends-toi à l'évidence, Chris : t'as besoin d'aide.
Il est tard mais Edgar ne dort toujours pas. Dormir, c'est devenu sa bête noire depuis qu'il a perdu son fils et qu'Eva s'est fait la malle. Quand il picole pas pour pouvoir s'endormir plus vite, il a la sensation que sa tête va exploser alors il vacille entre les occupations. Là, ses doigts grattent doucement contre sa guitare alors qu'il laisse sa voix s'échouer dans les pièces et bercer Beethoven plongé dans son sommeil beaucoup trop lourd. Il peut voir, le corps de la bête trembler et Edgar se demande pendant un instant de quoi son chien peut-il bien pouvoir rêver. Il voudrait être dans sa tête, savoir ce qu'il ressent et comment. Mais en attendant, y a Edgar, qui continue sa gratte pour masquer les bruits de dehors ; les voitures, les sirènes, les gens qui gueulent, les bruits qu'il sait pas identifier aussi. C'est pour ça qu'il va dormir dans sa cabane en forêt d'habitude. Il supporte pas les bruits qui proviennent pas de la vraie nature, de celle qui sent bon les grands airs et la liberté. Ici, il a l'impression d'être enfermé dans un bocal, que tout le monde finira par savoir ce qu'il fait et pourquoi. Son corps sursaute alors que dans sa rêverie, son téléphone se met à sonner. L'homme soupire, attrape le pavé tactile et fronce les sourcils en apercevant le prénom de Chris. Il répond alors sans se poser de questions. La voix de son ami lui décroche une décharge électrique parce qu'il sent de suite cette dose de désespoir enflammer sa voix. Il est saoul, bien sûr qu'il est saoul. Edgar parle de la même façon lorsqu'il a picolé.
Edgar pose sa guitare à côté de lui, se penche en avant pour passer sa main libre sur son visage, se reconnecter à la réalité. Chris ... Qu'il murmure doucement avant de jeter un oeil à Beethoven qui le regarde comme s'il attendait qu'Ed lui dise ce qu'il se passe. Tu veux que je vienne te récupérer ? Il hésite pas une seconde le garde parce qu'il a toujours été serviable et dévoué avec ses amis, qu'il n'en laissera jamais un dans la galère. Il pose même pas de questions, verra sur le tas la gravité de son état. Si certains le traitent de cons, eux savent qu'il a toujours été là et que cela continuera encore longtemps. Et puis en temps normal, c'est plutôt lui qui les appelle parce qu'il va mal, qu'il a trop picolé et qu'il s'est perdu dans les artères de la ville. Il lui doit bien ça, à Chris, il pourrait pas se le pardonner de le laisser dans sa galère. Surtout pas après avoir entendu le timbre de sa voix.