Sujet: Un goût de toi. (Pandore) Sam 26 Aoû - 2:19
En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu'en répondant : « Parce que c'était elle, parce que c'était moi. »
it's been a while
L'astre rougeâtre faisait sa révérence, tandis que les nuages aux nuances roses zébraient un ciel pâle. Le chant d'une légère brise contre le bitume venait acceuillir les douces heures du soir et de ma fenêtre, paisibles, les ombres d'un feuillages dansaient sur mes pages. Un livre à la main, un stylo entre les dents et l'odeur subtile d'un café froid oublié dans sa tasse m'accompagnaient dans mon labeur. Trop vite j'ai senti l'agitation me gagner quand bientôt l’effervescence de mon esprit trancha affreusement avec la paix environnante. Un soupir échappé d'entres mes lèvres vint soudain perturber le calme souverain, alors qu'on entendait au loin le "tic" régulier d'une horloge. J'avais terminé. Mes pages étalées sur le long de la table avaient pris cette couleur rouge que le soleil par les fenêtre nous balançait. Un paquet de cigarette déjà bien entamé reposait sur la table, non loin des papiers et semblait, dans un infinie douleur, me supplier de venir le vider. Dans ma bonté infini, je n'ai pu rester de marbre face à un telle supplication, mes main dans un élan s'en sont emparées. Je l'avais bien mérité après avoir étalé sur le bas de cette page les derniers mots de ma dissertation. Plus ou moins satisfait, je ne pouvais faire mieux tant mon esprit bouillonnait. La moyenne tout au plus. Pourtant, le mérite de l'avoir terminé devraiet déjà me combler.
Mais très vite, trop vite tout cela me paraissait si lointain. Mon esprit visait déjà ailleurs, d'autres horizons gagnaient ses faveurs alors que je l'efforçais de s'en tenir éloigné. Mais quand le cœur et la raison sur le champ de bataille se rencontrent, le second certainement nous paraît bien mal armé. Une chevelure blonde qui dans un clignement m'apparaissait ne semblait signifier qu'une chose : le début des emmerdes. Putain pense à autre chose. J'avais déjà pendant longtemps essayé de la laisser loin dans mon esprit, de ne plus y penser et quand dans ma tête son sourire m’apparaissait un rage chaude venait embrasser mon cœur. J'étais de retour depuis longtemps, était-elle seulement au courant ? L'éviter, c'était mon but. Sa compagnie m'était interdite, je l'avais décidé. Ce feu dans mon être chaque fois elle m'apparaît m'a toujours effrayé et mon corps torturé savait ne pas pouvoir le supporter. Alors, pourquoi ce téléphone dans ma poche m’apparaissait soudain si lourd ? Pourquoi mes mains avaient-elles déjà composé le numéro ? Pandore. Mon amie. Il n'était jamais trop tard pour faire marche arrière. « Allô ? ». Trop tard. Ma gorge s’était nouée alors que la pluie sournoise qu'on appelle nostalgie s'abattait sur mon cœur. « Pan c'est moi... ma voix était calme. Rien qui ne laissait trahir l'état de mon esprit. Je suis en vile... viens... »
J'ai raccroché. Sans même entendre la réponse. Je ne suis pas sûre qu'elle en ait donné une. Allait-elle venir ? Elle ne devrait pas. C'est pour ça qu'elle viendra. Je me suis levé. J'ai passé une main sur mon visage. Chassé de mon esprit toute agitation. Je me l'étais interdit et pourtant, une silencieuse excitation m'envahissait. Je me suis levé. J'apercevait dans la glace au fond salon, ma silhouette. Un grand miroir qui recouvrait tout le mur du fond et donnait cette étrange illusion de se retrouver dans un salon encore plus immense qu'il ne l'était. Sa décoration, pour le moins minimaliste, venait ajouter à cette impression. Les murs nus couleur taupe regardaient fièrement les meubles en cuir blanc et la table basse en verre. Sur la table, trônait un vase dans lequel des fleurs déjà fanées séchaient au soleil. Plus loin on pouvait apercevoir la terrasse et ses fauteuils en bois. Le ciel avait déjà pris une teinte plus foncé et le soleil ne montrait le bout de son nez que dans une fine ligne rouge au loin dans l'horizon. Bizarrement, j'avais chaud. Je n'étais pas encore assez redescendu pour regretter mon geste. Peut être quand je la verrai, une colère noire viendra teinter mon cœur. En attendant, je suis allé prendre une douche froide.
Sujet: Re: Un goût de toi. (Pandore) Mer 30 Aoû - 18:30
un goût de toi.
“ft galaad, preux chevalier .
Elle pleure, la poupée. Le soleil, au loin, flirte avec la lune qui ne tardera plus à montrer le bout de son nez. Elle n'a pas même les étoiles pour tenir compagnie à son ennui. Seule, éperdue, démesurément abandonnée du monde et de l'univers tout entier, Pandore en oublierait l'indifférence crasse qui déforme le marbre de son visage. Les larmes de sel coulent le long de ses joues, y laissant de grosses traînées plus sombres rougissant sa pâleur, éloignant ses ardeurs. Elle ne pleure même plus de rage, le désespoir a remplacé le cadre tumultueux de sa colère. Les gouttes salées achèvent leur course lente sur la table contre laquelle elle est adossée, épaules voûtées, corps délaissé. Elle en oublie sa beauté, Pandore, tant ses yeux se teintent du noir de son liner, se gorgent de sa douleur et de son malheur. Elle se croise dans le miroir qui lui fait face, en crierait d'horreur si elle en avait encore le cœur. Elle se contente de fuir, de tourner le visage, d'abandonner sciemment ce qui l'attache aux rivages d'une vie miséreuse. Plus rien n'a d'importance quand on se perd dans les limbes de la malchance. Joint à la main, Pandore ne sait plus vraiment où attacher son regard. Elle vogue, éperdue, au milieu de ses mirages - visions d'horreurs qui redoublent ses pleurs - et elle se perd dans la contemplation de l'horizon, ce lointain dans lequel elle ne voit plus rien. Elle en a abandonné tout espoir. Une fois encore, Destan l'a délaissée, oubliée dans ce cahot obscur où elle pourrie et moisie, dans cette grotte sombre où elle n'a guère de lumière, où tout espoir est vain. Elle ne peut plus sortir de sa boîte, Pandore, on l'a enfermée à clefs, à double-tour, et elle a beau hurler, taper du poing et des pieds, nul ne l'entend, nul ne vient la secourir, nul chevalier ne monte sur son fidèle destrier pour la réveiller d'un baiser. Son prince n'a rien de charmant. Alors elle pleure, encore, tant qu'il lui restera des larmes.
Quand son téléphone vibre sur le lit à ses côtés, Pandore se relève d'un bond comme d'un réveil sans fin. C'est lui. C'est Destan. Elle en est sûre, en témoigne les palpitations qui font à nouveau vibrer son cœur trop longtemps arrêté. Il va lui présenter ses excuses, je t'aime chérie, j'arrive, je ne peux me passer de toi, même pas une heure, ni une minute, chaque seconde sans toi m'est une nuit en enfer. Elle rêve, Pandore, les rêves qui accompagnent ses pleurs. Si c'est bien une voix masculine qui résonne à l'autre bout du fil, ce n'est pas celle - mélodieuse et chantante - de Destan. Galaad. Un autre chevalier pas si preux. Un autre chevalier sans honneur, sans douceur, un autre chevalier qui fuit et qui délaisse, qui se fait la malle sur sa monture et qui blesse. Te blesse. Ce sont les pleurs qui reviennent, le désespoir qui l'étreigne, mais la passion qui l'éveille. Alors, elle se lève, doucement, sèche les larmes qui ont défiguré son visage d'ange, s'empare de ses clés de voiture, pars, là-bas, faire ce long chemin qu'elle connaît si bien, laisser derrière elle son désespoir pour en rejoindre un autre, encore plus noir. Chaque pas est un regret, chaque kilomètre avalé est une erreur. Elle les avale plus vite encore, dans l'espoir de laisser derrière elle cette petite voix qui hurle, hurle, de plus en plus fort, non, ne fais pas ça, reviens en arrière, n'y va pas. Elle n'écoute rien, Pandore, rien sinon ce cœur qui s'emballe. Alors elle y va, toque à la porte, attends quelques secondes, longues secondes qui la dévorent, Pandore. Et quand elle fait enfin face à cette porte qui s'ouvre sur d'autres horizons, quand elle devine le doux visage de Galaad, ce sourire qui se dessine sur ses lèvres, quand elle le voit là devant elle après des mois sans nouvelles, après cette fuite qui l'a détruite, elle ne se contrôle plus, la poupée, le marionnettiste s'occupe de manipuler ses fils et elle s'abandonne à la facilité. La gifle retentit dans le silence de l'appartement. Elle en a mal à la main, Pandore, de ce déferlement de violence, elle a si mal au fond d'elle-même qu'elle se jette dans ses bras. Incompréhension. Frustrations. Elle le serre fort, espérant peut-être ainsi le garder auprès d'elle pour toujours, pour demain et pour l'avenir. Elle le serre pour qu'il ne parte plus, le gifle pour qu'il n'oublie jamais la douleur intérieur dont il est la cause. “ Je suis là. “ elle lui glisse à l'oreille, sans lâcher son étreinte.