Chaque week-wend, c'est toujours la même histoire. Là où il pourrait être heureux de passer quelques jours tranquillement chez lui à sortir un peu et se changer les idées, Edgar s'engouffre un peu plus dans tout ce qu'il a toujours aimé : ses pensées trop noires.
Samedi matin.
Ou plutôt midi. Onze heures trente exactement. La moment qu'il a décidé pour se lever alors que son haleine est encore chargée d'alcool. Cheveux en bataille, son torse se redresse difficilement dans son lit alors qu'il attrape du bout des doigts une cigarette posée sur sa table de chevet. C'est toujours ce qu'il fait en premier en se levant : se griller une clope pour se tuer un peu plus. Les yeux encore gonflés par son énième mauvaise nuit et l'alcool qu'il a pu ingurgiter, Edgar finit par quitter son lit, enfiler un jogging au hasard et se diriger d'un pas lourd jusqu'aux toilettes. Sa cendre le suit un peu partout dans la maison. En bas des escaliers, il peut voir son chien l'attendre sagement, remuant déjà la queue, prêt à l'accueillir. Le garde descend alors les marches, laissant derrière lui sa fatigue insupportable et son envie d'en finir. Ses mains se perdent dans le pelage du molosse qui lui donne le sourire. Une fois dans la cuisine, la bête se fait couler un café et remplit la gamelle de son compagnon de galère. Ses sourcils se froncent alors que sa sonnette résonne dans la maison et accentue un peu plus son mal de tête. Il hésite, Edgar, à rester dans sa cuisine, à faire le mort pour laisser sa visite abandonner et se barrer mais un élan de lucidité le traverse alors qu'il s'avance de la porte d'entrée pour l'ouvrir.

Un de ses sourcils se redresse alors qu'il se recule d'un pas pour laisser à River le droit d'entrer chez lui. Clope toujours au bec, pas vraiment d'humeur à être aimable, l'homme lui tourne le dos pour repartir dans sa cuisine et prendre sa tasse de café. C'est ce dont il aura besoin pour supporter un échange social si tôt dans la journée. Torse nu, le réveil douloureux lui colle encore à la peau et lui donne une sale gueule épuisée mais de ça, Edgar s'en fiche bien. L'homme boit une longue gorgée avant de plonger son regard vers River, la dévisager un peu aussi, lui montrer que la prochaine fois, elle ferait mieux de venir le voir plus tard. T'es venu vérifier voir si j'étais toujours vivant ? Parce que c'est déjà arrivé, que les voisins l'appellent parce qu'ils ne le voyaient plus sortir de chez lui ou des conneries du genre. Tout le monde s'inquiète pour lui mais jamais personne ne parvient à le sortir de ses mauvaises passes. Il leur en veut pour ça Edgar, parce qu'il est égoïste et qu'il crèverait d'envie que quelqu'un vienne le sauver comme il aurait du sauver son fils et retenir Eva. Nonchalant, désagréable, une part de lui est pourtant touchée de la voir ici. Parce que River est de ces personnes qu'il parvient à supporter, à qui il voudrait parfois donner plus que sa mauvaise humeur chronique et ses gestes autodestructeurs. Pourtant, ses démons le poussent à la rejeter, encore et encore.