► ton pseudo/prénom. Mélanie ► pv, scénario, inventé ? scénario ici. ► comment as-tu trouvé JoD ? sur Bazzart ! ► et t'en penses quoi ? J'adore le concept et je suis tombée sous le charme du scénario de Celian. ► des trucs à ajouter/améliorer ?: c'est parfait ici !
 

I.

« Il est trop tôt, non ?
– Pourquoi ?
– Se dire je t’aime. »

Je ris. Il est con, parfois. Toujours perdu dans ses pensées, celui-là. Incorrigible et extrêmement naïf, mais je crois que c’est ce que j’aime chez lui. C’est un bébé. Mon bébé.

« Alors ? »

J’écrase un oreiller sur son visage et je me lève. Je jette un œil à ma montre ; il est 8 heures. Dans une heure je dois être au bureau, j’ai une réunion importante avec mon père et, si je suis en retard, je peux m’asseoir sur mon salaire du mois.

« T’es trop jeune pour parler d’amour. Rhabille-toi, Celian. »

Ma réponse est froide, je lui tourne le dos et je ramasse mes vêtements avant de me diriger vers la salle de bain.

« Tu vas être en retard au lycée. »

Il me connaît, il sait que ça veut dire qu’il est temps de partir ; je n’aime pas qu’il vienne chez moi, mais, parfois, c’est plus simple. Je ne sais pas pourquoi j’agis comme ça, je ne sais pas pourquoi je refuse de m’impliquer sérieusement. Parce qu’il est jeune ? Parce qu’un monde nous sépare ? Ça doit être ça. On ne fait pas des projets avec un gosse qui aime les balades en forêt et qui cuisine à ses heures perdues. Pas quand l’entreprise familiale repose sur ses épaules, pas quand on est celui qu’on regarde de travers parce qu’il est le fils de, que ses tatouages ne sont pas pro, mais qu’il est là quand même, à donner des ordres. Je suis architecte et je suis excellent, c’est exactement ce qui fait chier les associés de mon père ; au début, je n’avais pas le profil de l’emploi et puis les gens ont fini par se dire que l’excellence n’avait pas de visage et que, si un homme est bon dans ce qu’il fait, c’est lui qu’on veut. Peu importe s’il n’a pas la gueule de l’emploi.

Celian me rejoint dans la douche, je râle par principe et je ne montre pas que j’aime l’avoir contre moi encore un peu. J’embrasse son front, ses lèvres. Il est beau, c’est indéniable. Il me rend dingue – et dans tous les sens du terme. On sort de la douche, on s’habille, je bois un café, il mange ses gâteaux qu’il a ramenés et on se sépare sur le trottoir ; sans un regard, sans un au revoir.


II.

« Putain, mais c’est qui lui ?
– Hein ? »

Je serre les dents ; j’ai envie de lui coller la gueule sur son portable pour qu’il arrête de me prendre pour un con.

« Ça fait deux heures que t’es là, deux heures que t’as le nez dans ton téléphone de merde. Tu me casses les couilles avec ça. T’as quel âge sérieux ?
– 19 ans. »

Sa réponse est presque insolente. Il a 19 ans – et moi j’en ai 29. Quatre ans que ça dure, quatre ans que je joue au con et quatre ans que je ne peux pas me désintoxiquer de ce merdeux. Je suis fatigué aujourd’hui parce que la construction de cet hôtel à la con ne se déroule pas bien, que je fais des journées de treize heures et qu’il me casse les pieds pour qu’on se voie, pour finalement passer la soirée sur son portable.

« Dégage. »

Il lève enfin les yeux, pose son portable.

« Quoi ?
– Aller, rentre chez toi, j’vais aller me coucher. »

Il soupire et il se lève.

« J’vais pas rentrer à cette heure-là, j’ai pas les clés.
– Et tu vas aller où ?
– Bah j’sais pas, chez un pote.
– Lequel ?
– T’es flic ou architecte ?
– Si tu vas chez l’autre, j’te jure que je viens te chercher. Tu sais très bien que je l’aime pas. Je veux pas que tu vois ce gars-là, il te drague tout le temps.
– Et alors ? »

Il enfile ses chaussures, il met son manteau.

« Reste ici.
– T’es plus fatigué ?
– Je veux pas que t’ailles chez lui. T’y vas pas.
– T’es jaloux ?
– Putain, non ! Tu fais chier avec ça, merde ! J’suis pas jaloux, c’est juste que tu vas voir personne d’autre, c’est comme ça.
– Pourquoi ? »

Avec cette simple question, il me désarme. Pourquoi ? Parce que je ne supporte pas de le savoir avec quelqu’un d’autre que moi, parce que je crève de jalousie quand il me parle d’une autre personne. Parce que, même si je ne veux pas me l’avouer, je tiens à lui et que cette situation me rend malade. C’est mon bébé, même s’il grandit, c’est avec moi qu’il le fait.

« Pourquoi ?
– Parce que j’ai pas envie. C’est comme ça.
– Alors je reste ?
– Eteins ton portable. »

Il sourit, je suis vaincu. Il retire sa veste, ses chaussures. Il fait un crochet par la cuisine pour prendre du chocolat, qui n’est dans ce placard que pour lui, et il vient se blottir contre moi dans le canapé.

« J’aime bien quand t’es jaloux.
– Etouffe-toi avec ton chocolat.
– Tu me fais du bouche-à-bouche ? »

Je ris et lui aussi. Il s’agrippe à moi comme un koala et j’embrasse sa tempe.

« On met un film ? je propose.
– Pourquoi on n’irait pas au cinéma ?
– Ne recommence pas. »

Il soupire, mais il n’insiste pas. Il choisit un film qu’on ne regarde pas parce qu’on rejoint la chambre bien avant la fin.

Plus le temps passe, plus il a d’attentes quant à ce “nous” que je refuse d’aborder, plus je sais qu’on va droit dans le mur. Plus le temps passe, plus mes parents s’inquiètent de ne pas me voir marié alors que de nombreuses filles me courent après depuis plusieurs années. Plus le temps passe et plus je m’accroche à ce gamin aux yeux verts et à la bouille d’ange, et ça putain, c’est vraiment la merde.