Couchée sur mon lit, mes doigts caressent les rayons du soleil qui viennent se poser sur mes draps. Ce soleil, présent aujourd’hui, à choisi le meilleur jour pour sortir des nuages.  Cet espoir réchauffait les cœurs, aujourd’hui pour la première fois depuis quatre longues années, j’allais pouvoir serrer Rafe dans mes bras. Le voir enfin hors de ses murs froids et ternes dans lesquels il était injustement enfermé tout ce temps. J’ai toujours cru en son innocence, toujours. Ma loyauté envers lui a été sans faille. Je n’ai jamais perdu la foi en cet ami si cher à mes yeux. Comment un gars aussi gentil que lui aurait pu manipuler ses collègues ? Rafe n’est pas ce type qui faisait la couverture des journaux, Rafe c’est le gars avec des principes et des rêves. C’est un passionné, un type profondément gentil qui a le cœur sur la main. Je le connais mieux que quiconque, et rien ne pourra me faire changer d’avis à son sujet.

« Rafe, on se voit aujourd’hui ? J’ai trop envie de voir ta bouille sans une vitre transparente entre nous. Tu me manques. Bises. Lara. »

Je lui avais envoyé ce sms plus tôt dans la journée, priant pour qu’il me réponde positivement. Une euphorie m’avait transcendée lorsque avait accepté. Enfin, je n’allais plus lui parler via un combiné rouge infesté de bactéries. Je voulais l’aider à retrouver son train-train quotidien, le pousser à retrouver ses repères, être là pour lui. Le soutenir, l’aider comme le ferait une véritable amie. Tant de gens lui ont tourné le dos lorsque c’est arrivé que ça en est gerbant. J’en ai voulu à la terre entière, ce jour-là. Sans Rafe à mes côtés, c’est comme si il me manquait une partie de moi-même.

Le soleil enjôle ma mine enjouée et mon sourire radieux. Je marche d’un pas léger dans les rues de notre petite ville que je déteste chaque jour un peu plus. Je retrouve un ami qui a quitté sa prison pour se retrouver dans la mienne. Faudrait qu’on quitte cet endroit pour être enfin libres. Au détour d’une rue, j’aperçois notre café, notre endroit à nous où on passait des heures à discuter lorsque nous étions ensemble. Même si nous ne partageons plus le même lit depuis quelques années, cet endroit ne sera pas partagé par une autre personne que lui. C’est notre endroit. Notre exutoire. Notre chez nous.  Je pousse la porte du mercury’s café où je suis accompagnée d’un joli tintement de cloche qui signifie ma présence. Je salue vigoureusement Rafe de la mainlorsque je croise son regard et fonce dans sa direction. Arrivée à sa hauteur, je le serre dans mes bras :

« Comme je suis heureuse de te retrouver ! Si tu savais ! »

Je me dégage de cette accolade amicale et m’installe en face de lui, souriante comme jamais. J’observe chaque détail de son visage comme si je le voyais pour la première fois. Il semblait avoir pris un coup de vieux, ses yeux ont perdu de leur pétillance mais je sais qu’il allait se sentir à nouveau chez lui un jour.

« Alors Rafe, comment tu te sens ? Mon Dieu, ça fait tellement du bien de te voir ! »

Je ne le quitte pas des yeux, plus jamais je ne veux le perdre. Nous avons l’après-midi rien que pour nous, j’espère que nous allons profiter de chaque secondes dont nous disposons.